Le Brésil est de retour

Instantanés.

Leçons du Brésil

L’élection de Lula, confirmée par le tribunal électoral est une formidable nouvelle pour le Brésil d’abord, bien sûr, mais aussi un espoir pour tous ceux qui pensent que la République est le meilleur des régimes et le suffrage universel, un homme ou une femme, une voix le seul moyen d’y parvenir.

La vraie question à se poser est celle de savoir, comment l’extrême droite a pu récolter autant de voix, après les milliers de morts du Covid qu’a entrainé sa politique criminelle de déni, de la violence armée contre les pauvres et du massacre des forêts en Amazonie.

Le Parti des Travailleurs, né au début des années 80, salué par la gauche internationaliste comme les premiers pas du réveil des classes laborieuses brésiliennes, longtemps à l’écart des mobilisations populaires en Amérique latine, a fait basculer les rapports de force politique sur ce continent et ailleurs.

Mais la gestion luliste au pouvoir deux mandats durant, suivis des deux mandats (dont le dernier interrompu par une procédure de destitution) de Dilma Roussef, a été erratique, émaillée de scandales de corruption et de compromissions avec la droite réactionnaire. Malgré d’indéniables progrès sociaux dont cet énorme chiffre de 40 millions de brésiliens sortis de la pauvreté, grâce à la création massive d’emplois et la mise en place des bourses familiales (bolsa familia) et des avancées démocratiques réelles.

Ce sont ces dérives qui ont détourné l’électorat populaire de la coalition de gauche, et par ricochet l’ont jeté dans les bras du populisme d’extrême droite, couvé par les armées d’évangélistes « fous de Dieu ».

Les leçons du retour de Lula au pouvoir pour les républicains et les militants de gauche, ce sont les politiques résolues de lutte contre les inégalités économiques comme composantes centrales d’un projet de république sociale. Ce sont aussi, la gestion sobre et altruiste des débuts de mandat de Lula, la démocratie participative associant les populations aux décisions majeures les concernant.

Bref en revenir à ce qui en faisait la force du candidat Lula pour toute la gauche : « Brésil le pays de tous, ou un pays pour tous ».

« Votre fatwa ne s’appliquera jamais ici ».

Wole Soyinka devait se rendre à Nairobi – au moment même où avait lieu l’attaque du centre commercial Westgate – pour un festival de littérature. L’un de ses amis qui, y a assisté, est mort.
Le Prix Nobel nigérian lui rend un hommage poignant dans cette tribune contre le terrorisme. Le Pr Wole Soyinka est lauréat du prix Nobel de littérature 1986. Il a prononcé cet hommage lors d’une conférence réunissant des écrivains nigérians à Lagos.

Sources: Premium Times (Abuja 4 novembre 2013)

Jamais, depuis l’apartheid, notre humanité n’a subi de telles pressions et n’a eu à relever des défis aussi intenses et persistants. L’histoire se répète. Encore une fois, une minorité d’assassins se prétend supérieure à tous les autres, s’arroge le pouvoir de dicter aux autres, son mode de vie, décide qui pourra vivre et qui devra mourir, ou qui fera la loi et qui devra s’y soumettre. L’islam, la religion dans laquelle [les terroristes] se drapent, n’est qu’une couverture. 
Le vrai problème réside, comme toujours, dans le pouvoir et la soumission, avec ici comme instrument le terrorisme. Regardons avec objectivité la vraie nature de la domination qu’ils cherchent à nous imposer, nous qui vivons prétendument dans des “lieux de vice et de débauche, d’impureté et de décadence”. Nul besoin de chercher très loin. Leurs modèles se trouvent tout près de nous. Dans une Somalie chaudement disputée. Dans un Mali récemment libéré. Par intermittence, en Mauritanie. Dans une Algérie enchaînée pendant des années de troubles, elle qui tente encore de restaurer une fragile entreprise de laïcisation. Leur modèle consiste donc à instaurer l’exclusion. Mais aussi l’irrationalité et les restrictions dans la vie quotidienne. Le mépris de la culture et du pluralisme. L’établissement d’un apartheid sexiste. La diabolisation de la différence. C’est le règne de la peur. 
Infidèles 
Nous avons remporté une victoire en abolissant l’apartheid, afin que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d’identité, et de laquelle déprendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur la planète. 
J’ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi*. Dans un rassemblement de l’humanité, nous étions présents aux côtés de toutes les victimes mutilées et décédées. Nous étions aux côtés de Kofi Awoonor [poète ghanéen, ami de Soyinka, mort dans l’attentat du centre commercial Westgate], l’un des plus distingués d’entre nous, l’un des meilleurs écrivains africains à nous représenter à l’étranger. Nous étions présents au Mali avant même que ce pays ne s’unisse pour repousser la vague d’atavisme religieux et la régression humaine qu’il entraîne. Nous étions aux côtés des étudiants de Kaduna, des victimes de l’Etat du Plateau [cet Etat, avec sa capitale, Jos, située à la lisière du Nord musulman et du Sud chrétien, a connu des affrontements qui ont coûté la vie à près d’un millier de personnes en deux jours seulement, en novembre 2011], de Borno [Etat musulman du nord du pays], des écoliers de Yobe, des conducteurs d’okadas (moto-taxis) et des petits marchands de Kano [mégalopole du nord], aux côtés de tous ceux qui ont été systématiquement massacrés depuis tant d’années [tous ont été le théâtre d’attentats perpétré par le groupe islamiste Boko Haram au Nigéria]. 
Les victimes du centre commercial de Nairobi ont été soumises au même test diabolique que celui administré aux élèves de Kano [fin septembre, une quarantaine d’étudiants ont été assassinés au nord du Nigéria] : ceux qui ne réussissaient pas à réciter le verset demandé du Coran étaient considérés comme des infidèles, et emmenés pour se faire égorger méthodiquement. 
Nous, écrivains, avons été présents dans les épreuves traversées par l’Algérie, consignées pour la postérité par Karima Bennoune dans son livre Your Fatwa Does Not Apply Here (« Votre fatwa ne s’applique pas ici” ; pas traduit en français). Nous étions aux côtés de Tahar Djaout, auteur du Dernier Eté de la raison (éd. du Seuil, Paris, 1999), lui aussi assassiné par des fanatiques religieux. Nous sommes de simples survivants qui ne cessons de demander : quand tout cela s’arrêtera ? Comment tout cela se terminera ? Ceux qui font écho à Karima et à cette miraculeuse survivante qu’est Malala [cette jeune Pakistanaise défend le droit des filles à l’éducation], tous clament ensemble : non, votre fatwa ne s’appliquera jamais ici. 
Nous continuons à demeurer auprès de tous ceux qui sont tombés, auprès de vos victimes du fléau de votre sectarisme, de votre solipsisme [théorie pour laquelle il n’y aurait pour le sujet pensant d’autre réalité que la sienne] religieux et de votre spiritualité toxique. Nous continuerons à rester à leurs côtés, à dénoncer et à condamner. Nous nous sommes rangés dans le camp de l’humanité, face à ceux qui s’opposent à elle. 

Nous pleurons Kofi Awoonor, notre collègue, notre frère, mais avant tout nous dénonçons ses assassins, cette virulente sous-espèce humaine qui se lave les mains dans le sang des innocents. 
Scalp 
Seuls les lâches tournent leurs armes meurtrières contre ceux qui sont désarmés, seuls les pervers glorifient cet acte ou le justifient. Les vrais combattants ne mènent pas la guerre contre des innocents. On ne peut que qualifier d’obscène la profanation de la vie humaine. Elle est sacrée. 
Nous lançons cet appel à ceux qui veulent instaurer la fatwa, avec tout le poids moral qui s’y attache, à ceux qui violent le droit à la vie. La vie est un don de Dieu, y porter atteinte est un sacrilège. Ils ont ajouté le scalp de notre collègue à leur collection, un intellectuel exceptionnel qu’un million d’êtres de leur espèce ne pourront jamais remplacer. 
Nous saluons le courage et les sacrifices des soldats qui se battent pour que ces intrus – Al-Qaida et autres –, avec leurs arrogants desseins, ne puissent anéantir les libertés et la tolérance. Elles sont notre identité dans la région, et sur le continent tout entier. Nous ne devons jamais nous dérober pour reconnaître cette cruelle réalité. 
Aujourd’hui, j’exhorte toutes les forces du progrès à reconquérir l’Afrique ! A la sauver des mains de ces forces obscures qui cherchent à instaurer un nouveau régime de despotisme religieux, de cruauté comme nos peuples n’en ont jamais connu, même sous le joug du colonialisme européen. Ces bouchers continuent à évoquer l’islam, aussi nous en appelons à nos confrères et consœurs [musulmans] : reprenez votre islam. Reprenez cet islam qui se réclame d’une culture du savoir, honore ses fidèles comme le “peuple du Livre”, un islam de partisans historiques des vertus de l’intelligence et de ses produits. Ce que la tragédie de Nairobi nous apprend, c’est qu’il n’existe aucun endroit appelé “Ailleurs”. L’ailleurs est ici, parmi nous, dans le présent. Je vous invite donc à remplir cette mission : reconquérir l’islam, reconquérir notre continent et, ainsi, reconquérir notre humanité.

Charlie or not Charlie.

OUI IL FALLAIT MARCHER LE 11 MARS A PARIS

Publié le 19 janvier 2015 (Enquête plus quotidien)

Le président Macky SALL a eu raison de marcher le dimanche 11 mars à Paris. 

Comme nous tous, des centaines, ou peut-être des milliers de sénégalais d’origine à travers toute la France.

A Paris, nous avons marché de la colonne de la République à Nation. 

Le président Macky ne l’a certainement pas vu, mais sur la colonne avec la statue représentant Marianne, un jeune homme d’origine sénégalaise agitait un drapeau aux couleurs de notre pays. 

Quelle fierté, pour ceux qui, comme moi débouchant de la rue Turbigo à l’angle de la rue du Temple voyait ce drapeau à bandes verte, or, rouge, verticales et égales et une étoile verte à cinq branches sur la bande jaune, parmi les dizaines d’autres portés par des jeunes de toutes origines et de toutes les couleurs.

Il s’est passé ce jour-là, ce qui se passe quand des milliers, des millions de personnes se mettent en marche sur une simple idée, défendre l’essentiel, au fond notre qualité de citoyen, consubstantiel à notre LIBERTE absolue de penser et d’agir.

Pour ceux qui connaissent Paris, ce monument inauguré le 14 juillet 1883 est entouré de trois statues en pierre chacune représentant l’allégorie de la devise française de la Liberté, Egalité, Fraternité.

Toutes les manifestations républicaines dans Paris, finissent ou partent de cette place ou de la Bastille.

Oui, nous y étions et nous étions nombreux, les Sénégalais de France, ou d’ailleurs en Europe fiers de défiler et de manifester pour cette cause qui dépasse nos propres personnes, celle de la LIBERTE.

Le 11 janvier dans les rues de Paris, de quoi était-il question ?

Pas une seule banderole, contre l’Islam, le christianisme, le judaïsme. 

Pas une banderole xénophobe ou d’extrême droite, réclamant le départ des musulmans de France. Mais des banderoles, disant simplement : je suis Charlie, je suis musulman, je suis juif, je suis noir…  Il n’était pas question de foi, de religion, mais de LIBERTE.

Et notre foi, de toute façon plus forte qu’un dessin, une caricature. La foi de ceux qui sont offusqués par une caricature doit d’ailleurs être bien fragile, pour se sentir ébranlée par ces quelques pages éphémères.

La laïcité nous permet de vivre notre foi et notre religion, l’Islam en l’occurrence ici dans ce pays qui dans son histoire, a pendu des prêtres, démoli des églises et interdit la condamnation du blasphème en 1830 (sauf en Alsace-Moselle en vigueur jusqu’au 22 décembre 2015= Concordat) alors que jusqu’à la Révolution française en 1789 elle était passible de condamnation à mort. 

Nous n’avons à demander à personne le droit à vivre notre foi et notre religion et de comment la vivre, mais n’avons pas non le droit d’imposer à qui que ce soit, notre façon de vivre notre foi et notre religion.

C’est de cela dont il était question dans cette manifestation.

Et nous savons que la bande d’assassins qui a sévi à Charlie Hebdo et dans l’épicerie casher, sont les mêmes que Boko Haram, Mujao, Aqmi qui fracassent les tombeaux des saints à Tombouctou, en Irak, au Pakistan et massacrent les populations musulmanes sous prétexte que c’est eux qui doivent décider de ce qui est licite ou illicite au nom d’une vision étriquée, ignare et intolérante de l’Islam.

J’ai été enchanté de lire l’article de Fadel Dia dans Sud online du 13 janvier. « Ce qu’on a tué chez Charlie et la Porte de Vincennes, dépasse l’existence de quelques individus, ce sont la liberté, le droit à l’expression, les fondements mêmes d’une société respectueuse de la nature humaine ».

Wolé Soyinka, a écrit en septembre 2013, après les attentats horribles qui ont ensanglanté Nairobi :

« Nous avons remporté une victoire en abolissant l’apartheid, afin que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d’identité, et de laquelle dépendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur la planète.  J’ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi. Nous nous sommes rangés dans le camp de l’humanité, face à ceux qui s’opposent à elle. »

Le président Macky SALL a eu mille fois raisons d’être à Paris ce jour-là, où l’histoire s’écrivait dans la rue, avec le refus de millions d’hommes et de femmes de se plier aux diktats de ces assassins, qui sévissent au Mali, au Nord du Nigéria, à Mogadiscio, au Pakistan.

Cette histoire est mondiale, comme l’Histoire est celle de notre humanité commune. 

Qui peut croire que ce qui se déroule tous les jours, en Syrie, en Irak, au Nigéria ne sera pas à nos portes demain.

Ce n’est pas la faiblesse coupable, pour ne pas dire complice de certains qui les en empêchera.

L’armée la plus forte du continent est en déroute tous les jours devant ces hordes de sanguinaires armées jusqu’aux dents par les wahhabites qui les ont nourris et devant lesquels nous avons tous été aveugles.

Abdoul Aziz Kébé dans une interview à Sud en octobre 2012 déclarait « Le Sénégal ne peut pas être un îlot non influencé par ce qui se passe aux alentours. Des associations islamistes sont déjà là et se nourrissent de cette sève intégriste. Elles ont des écoles et même, apprend-on, une faculté, dans certains quartiers de la capitale et de la banlieue. »  

Qui ne le voit à la Médina, de la rue 1 à la rue 37, à Guédiawaye ou Parcelles, le danger intégriste s’affiche et nous défie dans ce que ce merveilleux pays a de plus important au monde : le sentiment de liberté des Sénégalais.

Ne nous y trompons pas, si les troupes françaises puis celles de la CDEAO ensuite n’étaient pas intervenues au Mali, le MUJAO, AQMI et leurs affidés étaient sur Kayes et fondaient sur le Sénégal oriental en quelques semaines.

Je ne peux imaginer l’espèce de clown sanguinaire démoniaque d’Abubakar Shekau chef de Boko

Haram se proclamer émir du Sahel avec Dakar comme capitale. Un cauchemar pour tous

La dérive d’un homme

Je viens de tomber sur l’article de Malick Ndiaye, publié sur le site de Xalima.com le 13 janvier au nom du « cercle des intellectuels-CIIS ».

C’est un torchon indigeste, insipide, indigeste, baveux de prétention et surtout dangereusement mal intentionné.

Et je ne peux m’empêcher d’être triste devant la dérive d’un homme que j’ai connu jadis.

Que nous dit ce « sociologue professeur à l’université de Dakar » ?

Que le Sénégal « soit une république de croyants » en convoquant à l’appui de sa diatribe contre le président Macky SALL, tous nos saints hommes et personne n’y manque, sauf peut-être Ndiadiane Ndiaye et Alboury Ndiaye. 

Je me suis pincé pour croire ce que je lisais, connaissant de longue date, cet ex-compagnon de route de la gauche internationaliste française.

Substituer croyants et citoyens est un contresens théorique et politique grave, à moins que cela ne soit à dessein. 

Une république de croyants est une théocratie : l’Iran en est un exemple contemporain ou le Vatican (le pouvoir du Pape repose sur son infaillibilité supposée). 

L’idéal du califat auquel se réfèrent les jihadistes pourrait aussi constituer ce modèle.

Une république de croyants n’est pas une république, parce que la source de la loi est d’ordre divin et donc transcendantal et en Iran la source d’inspiration est le guide (un Marja c’est-à-dire « source d’imitation » ou « source de tradition »).

En République la source de la loi ce sont les citoyens libres. 

La foi de chacun étant d’ordre privé et l’espace public est neutre pour que toutes les croyances puissent cohabiter.  

Le président Abdou DIOUF, dans ses mémoires, parle du travail d’orfèvre, que les compagnons de Senghor et lui-même, ont fait dans la période postindépendance pour maintenir le caractère laïc de l’Etat.

Si les mots ont un sens et Malick Ndiaye un « sociologue », que ne nous dit-il pas ?

Après avoir conseillé le président Diouf, le président Wade, le président Sall et après des pérégrinations à Bouaké, auprès des ex-Forces Nouvelles, ensuite auprès du président Gbagbo il y a quelques années, voilà notre « animateur du cercle des intellectuels » prêt à enfourcher d’autres combats. 

Les dérives de notre « Le sociologue » de l’UCAD, animateur du « cercle des intellectuels » Malick Ndiaye n’auraient pas de bornes.

Mais il est vrai que dans ce salmigondis indigeste, il dit qu’il est à la fois contre « l’intégrisme démocratique euro-américain judéo chrétien (sic et resic) » et contre le « l’intégrisme monocratique d’inspiration islamique ». J’avoue qu’à cette étape de ma lecture j’étais un peu perdu. Et je me suis dit comme sans doute d’autres qui l’ont lu : « qi wër na ! »

La suite de cet article est encore plus grave. 

Il dit que nous avons (et en majuscule svp) manifesté « pour la Défense des Droits à la Caricature du Sceau des Prophètes et à la Protection des Libertés des Caricaturistes du Prophète Mahomet (PSL) ».

Que cherche cet homme ? 

Vouer aux gémonies et à une prochaine fatwa des ignares sanguinaires le président et ceux qui ont défilé le 11 mars ?

Les faire condamner à la flagellation publique de 100 coups de fouets ?

Et pour finir notre « sociologue » ressuscite le Protocole des Sages de Sion et éructe sur les lobbies judéo-maçonniques et Sionistes qui combattent les religions abrahamiques ? 

Sans doute là excluent-ils les juifs de ce groupe. 

Ses vieux compagnons de route de la gauche internationaliste, formés aux mêmes références idéologiques, et qu’il fréquente peut-être encore doivent aussi se pincer.

Ingratitude d’un homme, arrivé à un certain âge, pour oublier tous ceux avec qui il a cheminé dans ces longues années de militantisme pour la liberté et la fraternité des peuples sous le froid et la grisaille des hivers parisiens.

A tant de perfidie et tant d’ingratitude !

Le protocole des sages de Sion est un faux grossier qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les juifs et les francs-maçons fabriqué par les services secrets du Tsar de Russie au début du 20ème siècle contre les militants républicains qui luttaient pour l’abolition du tsarisme. 

C’est devenu depuis longtemps la bible des « complotistes » de tous poils. 

Ceux qui pensent que le 11 septembre n’a jamais eu lieu. 

Ceux qui pensent qu’un centre mondial « d’Illuminati » et de francs-maçons est à l’œuvre partout.

Notre « sociologue de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar » devrait arrêter de lire DA VINCI CODE de Dan Brown 

Pathétique et lamentable référence. 

Pour ma part, je choisis la LIBERTE de ne pas lire Charlie HEBDO quand il caricature le prophète Mahomet (PSL), d’inviter ceux que je connais et qui respectent ma foi à en faire de même. 

Parce que j’ai la LIBERTE de le faire.

Je choisis la LIBERTE contre BOKO HARAM, AQMI et DAESH qui massacrent des musulmans qui célèbrent l’Achoura en Irak chaque année, contre les talibans pakistanais qui massacrent des musulmans soufis parce qu’ils honorent leurs saints comme nous au Sénégal.

Soyons en sûrs, si nous ne faisons rien contre ces wahhabites, qui sont déjà chez nous, fanatiques sanguinaires et leurs épigones demain ils seront suffisamment forts pour demander l’interdiction du Magal de Touba et du Gamou de Tivaouane. Ils considèrent ces manifestations de foi comme hérétiques. 

Monsieur le président vous avez eu raison de manifester le 11 janvier à Paris. Et nous étions 4 millions avec vous, noirs et blancs, jeunes et vieux, femmes et hommes et de toutes les religions.

De quel côté êtes-vous « M. le sociologue de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar » animateur du « cercle des intellectuels ».

 Babacar FALL

Adresse aux républicains. Mais c’est une révolte ? Non Sire, une révolution.

Publié le 11 février 2012 (Sud Quotidien)

A regarder l’opposition sénégalaise aujourd’hui, on oscille entre l’abattement et la révolte. La France avait la droite la plus bête du monde et le Sénégal vient de gagner un nouveau titre, à défaut de la coupe d’Afrique, celui d’avoir l’opposition la plus bête du monde.

Tous les candidats sortants dans le monde entier souhaiteraient avoir une telle opposition. Après s’être étripés sur le candidat unique, jusqu’au ridicule, elle vient de décider – on se pince pour y croire – de suspendre sa campagne pour battre Wade.

Les raisons ? Les Sénégalais attendront la fumée blanche à la fin du conclave pour les connaître.

Gageons, que les accusations de traitrise vont commencer.

Et ces messieurs-dames, après avoir créé les conditions de la réélection de Wade et tué le formidable sursaut démocratique du 23 juin 2011, nous diront qu’ils ne reconnaissent pas les résultats de ces élections présidentielles.

Il est temps d’ouvrir un nouveau cycle.

Nous vivons une période historique particulière où nombre de schémas de pensée anciens n’en finissent pas de se décomposer sans qu’apparaisse clairement le signe d’un renouveau.

Dans les sociétés développées européennes, l’ampleur de la crise de la dette et du chômage s’accompagne d’une crise de la politique.

Au Sénégal, la recherche de solutions dans l’urgence actuelle de la campagne électorale pour battre Wade, pour nécessaire qu’elle puisse paraître, ne tient pas lieu d’une réflexion qui, à partir de la pleine mesure de l’ampleur de la crise économique et sociale, propose des orientations pour refonder l’engagement démocratique des citoyens.  

Le délabrement de l’Etat, « la politique du ventre », l’absence de règles collectives protectrices des plus faibles, maintient le sous développement et la pauvreté extrême et annihile quasiment toute volonté collective et individuelle de développement.

Des questions comme celle de la mondialisation, de l’intégration africaine, du modèle de développement, celles du travail et de l’emploi, de la santé, de l’éducation engagent une conception de l’homme et du vivre-ensemble qu’une génération entière partage.

A écouter, lire, débattre avec la génération qui cherche sa place, qui ne voit qu’elle désire ardemment travailler sur le politique en dehors des positions partisanes.

La situation actuelle au Sénégal est, sous de nombreux aspects, inquiétante.

Sous le bruit, les fureurs, les grondements et manifestations, le chaos apparent ou caché, il ne faut pas se tromper, c’est bien un vieux monde qui s’écroule sous nos yeux au Sénégal.

Un autre peine à émerger et se frayer un chemin dans notre cher pays.

La candidature de Youssou NDOUR raillée, par la presse, est un de ces symptômes d’un système vieillissant, comme celle de Coluche en 1981, candidat putatif aux présidentielles françaises de 1981, avec des sondages qui le plaçaient très haut dès l’annonce de sa candidature (16% des intentions de vote), avant qu’il ne renonce.

Cette candidature illustre, mutatis mutandis le même contexte : un vieux système, une vieille élite, un vieux président.

Elle a entraîné l’entrée en politique d’une masse de personnes, indécises, entre la jeunesse urbaine diplômée, attentive aux mots d’ordre de M23, et celle des quartiers de la médina, de Parcelles, Pikine, Guédiawaye.

Elle procède de la même dynamique que celle qui s’est mise en branle depuis longtemps pour turbuler le système corrompu en élargissant à chaque fois l’espace démocratique.

Les conséquences sur le tissu socioéconomique de quarante de règne du parti socialiste sur le système politique sénégalais, ne se sont pas effacées en un jour.

Les 12 ans au pouvoir de Wade ont accéléré sa putréfaction.

C’est le même système qui a continué sous un autre nom, avec un autre clan de prédateurs, en moins fins dans la politique du ventre et dans la gestion patrimoniale de l’Etat.

Quand les élites technocratiques socialistes habillaient sous un vernis de la plus parfaite technocratie bureaucratique la prévarication des maigres richesses de l’économie sénégalaise, le clan wadiste, mal formé, avec une absence totale de « culture administrative » et de compétence utilise la méthode de l’informel.

L’inculture technocratique, l’absence de scrupules, l’informalisation de la prédation se sont substituées à la culture technocratique du vol et du détournement des deniers publics.

L’alternance s’est jouée des espoirs placés en elle par la faute d’un clan cupide.

Et dans cette décennie, se sont aussi révélées les ressources morales, d’un peuple qui s’est emparé des principes de la démocratie, pour élargir son espace de liberté et se préparer à l’après Wade.

Tout le monde le sent, c’est la fin d’une génération d’élite politique et administrative, celle des compagnons des combats pré et post indépendance, qui entraîne avec elle, celle des années 68 et 70. Evidemment cela se fait dans le tintamarre du débat et des invectives.

La nouvelle génération qui tente de s’engouffrer dans ce nouvel espace revendique sa place dans la République.

Il est donc du devoir des républicains de l’aider à la trouver au travers des valeurs et des principes universels qui sont ceux de la République.

Les Sénégalais aspirent à un Etat de droit

Au travers de la proclamation de la primauté de l’Etat de droit, où s’applique effectivement un droit et non pas l’arbitraire d’un dirigeant ou l’anarchie.

En réponse à la question, l’Etat de droit au Sénégal est-il plus une réalité qu’une fiction ? Les citoyens répondent assurément que c’est une fiction.

Un Etat de droit, où l’Etat se doit de veiller à ce que chaque personne physique ou morale soit à égalité devant la loi, qu’il s’agisse de défendre ou faire valoir ses droits, de contester une décision.
Un Etat qui respecte le principe de séparation des pouvoirs (et d’équilibre entre eux) : contrôle direct de l’exécutif par le législatif ; liberté de la presse ; Justice indépendante, contradictoire, impartiale, effective, qui instruit, prononce et fait exécuter ses décisions dans des délais raisonnables.
C’est l’ensemble de ces critères qui doivent être réunis pour que l’on puisse parler d’Etat de droit.

La majorité des citoyens sénégalais ordinaires, le disent tous les jours. L’absence d’Etat de droit nuit tout particulièrement aux classes populaires urbaines et rurales qui ne jouissent ni des passe-droits des élites, d’en haut, ni des passe-droits de ceux qui à la marge s’arrangent avec les règles collectives.

La Justice doit constituer l’un des piliers du pacte citoyen et républicain de notre pays. Son impartialité, sa capacité à assurer un équilibre entre prévention, sanction, réparation et protection des libertés individuelles doit être au cœur du bon fonctionnement de la société.

Elle doit être un rempart qui protège les personnes, garantit les règles du vivre ensemble, les droits et donc les devoirs de chacun, les conditions d’une société apaisée.

L’égalité devant la Loi doit être au cœur même de l’idée de justice et ce principe d’égalité est l’un des fondements de notre société démocratique.

L’indépendance de la justice en est la condition impérative.

La justice est un service public dont l’importance, aux yeux de nos concitoyens, n’est pas toujours mesurée alors que le droit envahit désormais tous les interstices de la vie sociale.

Instaurer l’Etat de droit et donner aux sénégalais des raisons d’y croire, il y va de la santé démocratique de notre pays.

Au travers de la proclamation de l’indivisibilité de la République et l’unité du peuple sénégalais.

Le principe de l‘indivisibilité de la République, signifie, qu’elle connaît mais ne reconnaît pas tout ce qui tend à morceler, séparer, démanteler la communauté civique nationale – religion, confréries, croyances …

Elle respecte les traditions et les cultures mais elle les soumet à la loi commune.

La République doit continuer le travail de construction de notre nation, composée de citoyens non de communautés. Les individus ont leurs particularités, mais pas les citoyens.

La République indivisible est donc unitaire.
Nous avons hérité de la colonisation française et de notre propre histoire nationale, une culture centraliste et non fédéraliste.
L’unité républicaine n’exclut pas, bien sûr, la diversité. L’unité de notre nation s’est faite et se fait encore dans la confrontation, l’alliance ou parfois la discorde de ses composantes. Elle s’est réalisée à travers l’intégration des citoyens, intégration rendue précisément possible par cette indivisibilité qui reconnaît la seule citoyenneté.

Les citoyens sénégalais aspirent à la neutralité de l’Etat

L’affirmation de la neutralité de l’Etat appelée ailleurs laïcité, face à toutes les communautés culturelles et religieuses doit aussi accompagner l’émergence de cette nouvelle génération.  

La laïcité peut être définie simplement par la séparation de l’État et de la religion (toutes croyances confondues). C’est un principe qui garantit la liberté de conscience et de culte, qui assure l’égalité de droits entre toutes les croyances.

La mise en œuvre de ce principe poserait moins de problèmes que son inscription dans le marbre au Sénégal. La meilleure définition est celle que propose le Dr Mahmoud Hazab, conseiller auprès du Cheikh Ahmed al-Tayeb, imam d’al-Azhar, dans la charte de onze articles à l’élaboration de laquelle l’institut a participé qui dit, parlant de l’Etat qui devra être issu de la révolution. « Nous ne sommes ni un État religieux ni un État militaire. Nous souhaitons que la Constitution se fonde sur la citoyenneté. »

Des pratiques laïques sont observables dans notre pays depuis des lustres, pratiques religieuses laissée à la discrétion de la personne, liberté d’affichage ostentatoire d’appartenance religieuse, les jeûneurs et non-jeûneurs de Ramadan se côtoient dans la même famille, des amis pratiquants et non pratiquants se souhaitent bonne fête le jour de l’Aïd, le mariage civil et le mariage religieux coexistent, le planning familial est entré dans les mœurs et fait moins débat, la monogamie se généralise dans la jeune génération urbaine instruite.

Son exercice est facilité tous les jours par l’existence, de croyances, d’appartenance religieuse ou confrérique différentes dans une même famille et entre ses différents membres.

Il revient à l’Etat d’en assurer le respect.

Plusieurs pays ont adopté la laïcité en tant que principe qui figure dans leurs constitutions, comme la France, l’Inde, la Turquie, le Japon, le Brésil ou les Etats-Unis.

Beaucoup d’entre eux financent l’exercice des cultes.

Il n’est pas inimaginable que notre pays se dote d’un budget des cultes. Cela aurait le mérite de s’accorder sur le principe de l’égalité de traitement de tous les cultes, toutes les confréries et de rendre complètement transparent les financements publics qui leur sont accordés.

Ils seraient inscrits chaque année dans la loi des finances par l’Assemblée nationale et exécutés sous son contrôle, comme tout le budget de la nation.

L’égalité, le progrès social, la fraternité et la solidarité sont des irremplaçables de la République. 

Une société plus juste est une société qui permet l’accès à l’égalité des chances à chacun de ses membres. S’il est des inégalités qui tiennent à la nature humaine, il en est, injustifiées, qui tiennent à la société.

La réduction de ces inégalités constitue une exigence aussi bien morale que politique.

Il faut refuser la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, celles s’appuyant sur une origine sociale ou ethnique.

Refuser les inégalités héritées.

Refuser l’idée d’inégalités dont on ne pourrait pas sortir.

Se battre pour que soit donnée à chacun la possibilité, quelle que soit son origine, sa situation, de s’insérer dans la vie sociale ou professionnelle, d’accéder aux biens collectifs – éducation, culture, emploi, santé, sécurité – et de pouvoir en tirer un profit comparable.

Vouloir l’égalité dans les opportunités offertes à chacun, d’utiliser au mieux sa capacité d’autonomie, ses talents et sa volonté.

La justice sociale, comme la cohésion sociale se bâtissent sur l’exigence de solidarité qui doit être conçue à la fois comme un tremplin pour ceux qui peuvent agir et prendre leur responsabilité, un filet de sécurité pour ceux qui connaissent l’échec et doivent se voir accorder une nouvelle chance, comme un bouclier enfin pour ceux qui n’ont pas ou plus les moyens d’agir et qui doivent recevoir de quoi leur permettre de vivre dignement. Elle doit empêcher la précarité et permettre la cohésion sociale de notre nation.

Pour s’exprimer dans le respect de la dignité de l’individu, la solidarité doit être ciblée, adaptée à chaque situation, et ne pas se transformer en assistanat par une distribution uniforme d’aides, qui découragent ceux qui travaillent, et tendent à maintenir ceux qui en bénéficient dans une situation de dépendance.

La solidarité doit s’exprimer à différents niveaux : solidarité entre les territoires sénégalais, dans les campagnes et au sein des villes ; solidarités familiales et entre les générations.

L’intervention de l’État est le pilier d’une politique solidaire. C’est sur cette base que les républicains doivent faire une place à la nouvelle génération dans l’espace public.

Dans notre pays, c’est l’Etat qui contribue à construire la nation sénégalaise, dans ses espaces et ses territoires. Il ne faut jamais perdre de vue ce paramètre essentiel pour les républicains. Toute politique qui décrédibilise son intervention sape les fondements de notre Etat-nation.

Alors le pire n’étant jamais sûr, je pense que lorsqu’un problème est clairement et judicieusement posé, on trouve toujours des hommes et des femmes capables de le résoudre.

Les hommes et les femmes candidats de l’opposition ne doivent plus avoir qu’une seule et unique, préoccupation, mobiliser, encore mobiliser les citoyens sénégalais pour battre Wade, sa clique et ses bandes et sa famille dans les urnes le 26 février. Plus rien ne doit les distraire. La jeunesse et le peuple sénégalais le valent.

Babacar FALL

Un pas en avant, deux pas en arrière!

Publié le 4 décembre 2012 (Sud Quotidien)

Au poker, quand un joueur a la meilleure main qui soit et perd sa mise, on parle de « BAD BEAT ». 

Ce joueur est un « FISH », c’est à dire un joueur débutant, inexpérimenté qui commet des erreurs grossières et visibles.

Après plus de 6 mois de fonctionnement, le gouvernement du Sénégal donne cette impression désagréable d’amateurisme, d’impréparation à la gestion de l’Etat, de pusillanimité, de pilotage à courte vue et quelque fois plus grave de reproduire ce que Wade a appris à beaucoup d’entre eux du temps de leur fameux compagnonnage.

En somme du Wade sans Wade.

Et pourtant nous avons tellement attendu ce changement !

12 ans d’un pouvoir qui a réduit à néant notre culture des règles de la bonne administration publique, de l’Etat de droit, réduite à néant au profit de coteries familiales et financières.

Nous en étions tous devenus des nostalgiques des pouvoirs de Senghor, de Diouf, qui malgré tous leurs défauts, que nous avons combattus à l’époque, avaient comme vertu principale : l’attachement au fonctionnement républicain des institutions publiques.

Le décès de Assane Seck nous fournit l’occasion de revenir sur la probité et le respect du bien public qu’avaient les premiers cadres de ce pays.
Voilà un homme, ministre pendant 10, ans qui a toujours vécu à FASS en face du Canal sans ostentation et enrichissement visible. Les ministres de Wade sont tous millionnaires quelques mois après leur désignation.

Autre temps, autres mœurs. Le pouvoir de Wade c’était le retour du refoulé du pouvoir ceddo. 

Si je devais donner un conseil à nos chercheurs et à nos élites ce serait de relire l’étude de Etienne Le Roy « Damel, ceddo et badolo face aux métamorphoses du pouvoir dans le royaume wolof du Cajor (Sénégal aux XVIIIe et XIXe siècles) » Paris, Politique africaine 1981.

Le Roy posait la question de savoir si Damel LAT Sucabé est l’ancêtre des tyrans de l’Afrique moderne ?

« Sa paranoïa au pouvoir, loin d’être un accident de l’histoire, effectue, une rupture politique radicale qui met les Wolofs sous la coupe d’un pouvoir autocratique et guerrier avec le règne de l’arbitraire, la répression, la méfiance, l’exil des opposants ». Le règne de Lat Sucabé, donne un statut politique à la violence.

Loin d’être une dictature, le pouvoir de Wade a institué la violence politique et physique en mode d’action. Il a érigé le fait du prince, l’oukase, le rapport de forces, la confrontation permanente, la dérive dans la gestion des finances publiques, et la prévarication comme mode gouvernement.

Je connais très peu de sénégalais qui regretteront ce pouvoir sénile, même ceux nombreux qui ont voté pour lui.

Ce serait banalement normal. Nous sommes en démocratie et Abdoulaye a recueilli 942.546 suffrages soient 34,82% des votants.

Mais alors pourquoi ne sommes –nous pas à l’aise actuellement avec ce gouvernement, et pourquoi ne pas le dire, avec Maky SALL.

Un vote honteux ? « Cacher ce que je ne saurais voir ».

Qu’est ce qui fait cet indéfinissable sentiment de malaise devant les actes que pose le gouvernement ou devant son inaction ?

Les Sénégalais courent consulter les augures (les Saltigués ou Selbé Ngom) pour savoir à quel moment l’avion va tomber sur l’université de Dakar (ou le palais de l’avenue Roume) 

Imaginer cette scène, qui a retenu le souffle de beaucoup d’étudiants en train de scruter le ciel pour voir l’avion qui allait tomber, renseigne sur l‘état de la société sénégalaise que Wade nous a laissé. Si même dans ce lieu supposé être celui du savoir et de l’enseignement des sciences, de toutes les sciences, l’irrationnel, la superstition, la bigoterie se sont installés, notre pays a encore un très long chemin à faire dans la voie du développement.  

Et pendant ce temps, tout le monde se demande où va ce gouvernement ?

Passons sur les nominations inappropriées, la taille du gouvernement, le retour encore timide du népotisme, les fonds secrets de la présidence reconstitués, un véhicule 4×4 pour chaque parlementaire, le retour du conseil économique et social.

Le plus important c’est le sentiment qui commence à s’installer chez les citoyens sénégalais du « tous les mêmes », pour ne pas dire « tous pourris ».

De Dakar, à Diourbel, Saint Louis, Thiès, Ziguinchor, dans les maisons, dans la rue, à la campagne, les propos sont encore plus durs, pour ne pas dire injurieux comme nous savons le faire quand nous sommes exaspérés dans ce pays.

Un programme électoral ne suffit pas à faire un programme de gouvernement. Il est nécessaire, mais pas suffisant.

La différence entre les deux, ce sont les contraintes économiques, fiscales, financières que l’on découvre une fois au pouvoir.

C’est le poids des engagements antérieurs sur la dette intérieure et extérieure.

Le tour de passe-passe sur la baisse des produits de première nécessité au début du mandat, se retourne contre le gouvernement aujourd’hui, parce que les Sénégalais le savent, qui vont au marché tous les jours, que les prix loin de baisser, ont même tendance pour certains à augmenter.

Les engagements du candidat Macky SALL sur la couverture maladie universelle, sont importants, mais pourquoi ce pouvoir ne confie pas cette question aux experts dont regorge ce pays, ici et dans sa diaspora pour étudier et mettre en place les meilleures conditions de sa mise en œuvre.

A jouer les apprentis sorciers, cette réforme peut mettre à genou tout notre système de santé déjà très fragile  

On n’improvise pas dans ce domaine. On n’a pas le droit.

Pourquoi, ce gouvernement et le président ne font-ils pas confiance à l’expertise sénégalaise, réputée partout en Afrique et dans les institutions internationales,

Il est atteint de ce mal typiquement sénégalais du complexe d’infériorité ou de supériorité (c’est selon) de nos élites entre ces membres.

On devrait regarder du côté du Maroc, de la Tunisie, de l’Afrique du Sud qui ouvre leurs bras à leurs experts locaux et dans la diaspora.

Pendant ce temps, à longueur de colonnes, de radio et d’antennes, des « experts de tout », ratiocinent, bavassent, discourent et jacassent, sur tout et rien sans aucune compétence sur le sujet et imposent l’actualité.

Les proclamations sur la bonne gouvernance, la nomination plutôt sympathique de Abdou Latif Coulibaly (un des meilleurs journalistes de sa génération, malgré un égo surdimensionné qui très vite va le faire penser qu’il doit être calife à la place du calife), ne fait pas une politique gouvernementale.

Cet engagement qui aurait pu être le véritable marqueur ou, comme dit l’autre trivialement, « le gros rouge qui tâche » de ce nouveau pouvoir, est en train de virer en eau de boudin ou plutôt de « dibi mbouss » pour rester dans le registre sénégalais.

Parions que les proclamations guerrières d’aujourd’hui vont vite s’éteindre, quand on s’apercevra quelle que soit l’estime que nous avons envers nos forces de gendarmerie, qu’elles n’ont pas les qualités techniques et professionnelles d’une brigade financière.

La traque de la délinquance financière, des détournements des biens publics ne s’improvise pas. Elle ne relève pas des mêmes techniques d’enquête policière.

Ce qui ressort des auditions actuelles (ce que la presse en rapporte) est confondant de banalité, si ce n’est d’amateurisme.

Et ce n’est pas le retour triomphal et en une des quotidiens, de tournée en Europe de notre Task Force d’avocats, chargé d’aller débusquer les biens mal acquis planqués dans les coffres des banques occidentales, qui est fait pour nous rassurer.

Ce pouvoir n’aura pas de deuxième chance.

Rappelons que Macky n’a réuni que 719.369 voix, soit 26,57%. La sociologie électorale a depuis longtemps donné la règle.  Au premier tour on choisit, au second on élimine. 
Une règle imparable pour un scrutin majoritaire à deux tours qui avait une signification particulière pour cette élection présidentielle avec quatorze candidats.

Avec un tel score au premier tour le président Macky Sall aurait tort de penser qu’il a un état de grâce.

Son socle électoral c’est un quart de l’électorat sénégalais. C’est faible.

Wade avait fait plus derrière Diouf en 2000 avec 518 740 votants soient 31% des suffrages exprimés et 8 candidats au premier tour.

Le nombre d’inscrits ayant doublé entre 2000 et 2012. Il est passé de 2 725 987 en 2000 à 5 303 555 électeurs en 2012.

La société sénégalaise est grosse d’impatience sur ses attentes, de vérité sur la réalité de la situation économique, de transparence sur les actes de gestion du gouvernement.

Elle n’acceptera pas un succédané de wadisme, ni de dioufisme (de la dernière période).

Il n’est que d’écouter tous les jours ce qui sourd, dans les familles, parmi les salariés du privé et fonctionnaires, parmi les jeunes, lycéens, étudiants, chômeurs, marchands ambulants etc.

La voix des citoyens n’est pas dans cette mauvaise presse, paresseuse, graveleuse, qui tous les jours fait sa chasse aux boucs émissaires – thiantacounes, homo, jeunes femmes et jeunes hommes bien dans leur époque, étrangers – au risque d’entraîner ce pays dans le chaos.

Elle n’est pas non plus dans ces sempiternels bavards, que nous voyons depuis 10 ans meubler la presse télévisuelle à la place des vrais experts reconnus par leurs pairs, dans tous les domaines. Qui n’a pas entendu cette expression courante dans tout le pays : « nous sommes fatigués ». Elle dissimule, une attente très forte vis-à-vis du gouvernement, de la colère rentrée qui trouvera, s’il le faut, son exutoire, un début de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics.

Ce gouvernement et le président Macky Sall doivent dire ce qu’ils veulent faire.

Vite.

La chasse aux prévaricateurs et autres délinquants issus du wadisme ne peut tenir de politique, surtout si elle se dégonfle, parce qu’on n’est pas en mesure de leur faire rendre gorge.

Le nouveau code fiscal est un exemple de la capacité des cadres de ce pays à travailler ensemble avec tous les acteurs sur un projet de taille, parce qu’il ne s’agit rien de moins que de renforcer l’avantage compétitif de notre pays, pour promouvoir et attirer des investisseurs.  Ce nouveau code était en chantier avant l’arrivée de Macky Sall au pouvoir.

La nouvelle politique agricole pourrait être une illustration majeure du fonctionnement du nouveau pouvoir.

Pour se défaire au plus vite de l’escroquerie politique que constitue la GOANA, le président et son gouvernement doivent annoncer leurs priorités dans ce domaine.

L’effet d’aubaine de la bonne pluviométrie ne se répétera peut-être pas du fait du dérèglement climatique. Autant alors dire maintenant quelles seront les priorités.

On peut ne pas être d’accord avec les propos de Saliou Sarr, membre du Comité interprofessionnel de la filière du riz de la Vallée, dans « Quotidien du 30 octobre 2012 » sur l’ambition de l’autosuffisance en riz, mais ses propos d’expert producteur sont pertinents. Ils méritent un débat public sur les vertus de la petite exploitation et les grands aménagements hydro agricoles.

 Le gouvernement pendant ce temps là ne communique que sur les errements du wadisme. Alors qu’il est attendu par les citoyens sur les vrais choix économiques et sociaux pour que notre pays ne retombe pas dans ces vieux démons du bavardage, pendant que le Ghana, le Kenya avancent à grand pas et que la Côte d’Ivoire retrouve les chemins de la croissance.

Le narco trafic, à l’œuvre dans les Etats voyous voisins a, désormais, gangrené plusieurs secteurs de notre économie. Ne nous y trompons pas, les arrestations actuelles, pour spectaculaires qu’elles soient ne sont que des épiphénomènes à côté de ce qui va arriver plus tard. Le gouvernement ne nous parle pas des mesures qu’il compte mettre en œuvre pour faire face à ce fléau désormais installé chez nous.     

La rentrée universitaire est catastrophique avec la surcharge explosive des amphis et des salles de TD, la carence avérée, depuis longtemps, du service des œuvres universitaires.

L’université de Dakar est une bombe qui risque de nous exploser à la figure.

Pendant ce temps, le gouvernement ne dit rien et c’est SL Niasse qui meuble avec ses passeports diplomatiques et ses déboires avec le fisc.

Dans quel Sénégal vivons-nous, pour que les enjeux majeurs du développement économique, de l’éducation, soient occultés par quelques apprentis sorciers trop longtemps au-devant de l’actualité, au détriment des débats de fond que les citoyens attendent ?

Et on nous amuse avec Benno Bokk Yaakar, APR, Tanor, Niasse et Idy, qui sont le dernier souci des citoyens sénégalais.

Macky Sall et son gouvernement n’auront pas de seconde chance. Ils gaspillent la première et peut être la seule qu’ils auront.

Courir à Touba, Tivaouane, Kaolack, Ndiassane n’aura plus aucun effet. La chute de Wade nous l’a suffisamment montré.

Babacar FALL

Jeunes sénégalais, soyez réalistes, demandez l’impossible.

publié en décembre 2011 (Sud Quotidien)

Ce qui se joue sous nos yeux marquera assurément la décennie sénégalaise à venir. Sans qu’il soit besoin d’être exhaustif, dans la sociologie politique du Sénégal actuel, on peut observer deux dynamiques qui travaillent les rapports sociaux dans notre pays.

Il s’agit de la transformation en profondeur de la jeunesse et de l’évolution du monde paysan.

Nous reviendrons plus longuement sur les paysans sénégalais dans une autre contribution. Remarquons simplement qu’il y a eu peu de travaux d’envergure sur le sujet, à la suite de la thèse mémorable de Pierre Pélissier « Paysans du Sénégal » qui a marqué des générations de géographes sénégalais.

Nous ne sommes pas très nombreux ceux qui ont remarqué des similitudes entre la situation de la Tunisie et celle du Sénégal. En dehors de l’effet journalistique habituel pour faire le buzz.

Le débat tunisien, sur son modèle de développement, ses réponses au chômage des jeunes pour un pays sans richesse minière, son système éducatif, sa constitution, la neutralité de l’Etat, la place des femmes est extrêmement riche. La révolution tunisienne a ouvert la voie à beaucoup de remise en cause pas seulement en Tunisie, mais sur tout le continent africain. 

C’est aussi cela la mondialisation, la circulation des idées à la vitesse des réseaux sociaux.

Jeunes diplômés

La révolution tunisienne a démarré avec l’immolation d’un jeune marchand ambulant de fruits et légumes, qui malgré un diplôme est réduit à cette survie par l’absence d’emploi fixe pour aider sa mère. « Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur. » C’est ce qui écrit dans les génériques de film.

Qui ne connait pas des situations comparables dans notre pays ? 

La génération des étudiants des années 80 a connu les maîtrisards chômeurs qui ont fondé des boulangeries, des fabriques de glaces alimentaires, des garages auto.  Certaines de ces expériences ont réussi, d’autres ont laissé des montagnes de dettes et resteront insolvables toute leur vie.  Tout au plus, ils étaient quelques centaines en comptant très large.

Ils sont aujourd’hui, en y incluant ceux qui font leurs études à l’étranger, des milliers de jeunes diplômés (Masters 1 ou 2, MBA, Ingénieurs, médecins, pharmaciens…) qui arrivent sur le marché du travail chaque année.

A l’exception de quelques grands groupes dans les télécoms, les banques ou les assurances, ils ne trouveront aucun emploi correspondant à leur qualification, dans les conditions de la gestion libérale de l’économie par Wade, son clan et sa famille. Il leur reste l’expatriation vers le Canada, la France (que C. Guéant, ministre de l’Intérieur, vient de fermer), les Etats Unis…

Quel gâchis ! Quand on pense au coût économique de chacun de ces cursus « supportés » par les maigres ressources de la nation.

La nouvelle jeunesse urbaine diplômée

L’explosion de la démographie scolaire résulte de plusieurs facteurs dans notre pays dont l’accélération du développement des banlieues autour de Dakar et l’accès au système éducatif de néo-urbains. Ces néo-urbains qui, chaque jour grossissent les quartiers périphériques de Dakar boostent le système scolaire, de santé, de transport constituent la nouvelle ressource humaine, politique et économique du pays.

La jeunesse issue des villes périphériques de Dakar constitue la très grande majorité des diplômés.

La politique libérale la confronte dès sa sortie d’écoles, de centres de formation, d’université à la réalité du maigre marché de travail sénégalais où elle se retrouve en concurrence avec les enfants de la classe moyenne mieux intégrés dans les réseaux sociaux parentaux. Avec un capital social plus faible, elle est de fait, dans une position moins favorable pour négocier son intégration socioprofessionnelle.

Le désir de promotion sociale et professionnelle des jeunes dits de banlieue est entravé par des rapports sociaux qui les enferment dans ces territoires périphériques de Dakar. Et désormais, de façon pernicieuse, la société urbaine tout entière leur assigne le stigmate de gens de banlieue et les y enferme. Et cet amalgame auquel nous avons tous succombé, renvoie à toutes les images stéréotypées : drogues, violences, mal de vivre.

Alors que la notion de banlieue désignant des territoires ségrégués, dans les univers urbains occidentaux, n’a, à vrai dire, rien à voir avec ces villes nées dans les années 70 de l’extension de la conurbation dakaroise au-delà de l’autoroute.

Mais comme en occident, les banlieues sont tout autant une question urbaine concrète (les territoires relégués des grandes villes) qu’une construction mentale, abstraite (là où sont supposées habiter les classes pauvres).

L’opinion publique a retenu ce dernier aspect.

Et les habitants de Pikine, Guédiawaye, Parcelles, ont intégré cette image stigmatisée de leurs territoires.

Pourtant elle est riche d’inventivité, de création, d’élans collectifs, d’engagements et de richesse culturelle.

Le RAP, le formidable développement des écuries de lutte, ainsi que les proclamations identitaires qui les accompagnent font écho à cette assignation de stigmate, par un exercice que l’on appelle le retournement du stigmate.

Qui n’a pas compris cela ne comprendra pas les conditions sociologiques de la constitution du mouvement M 23.

Peut être auront-ils une lecture différente des conditions de leur constitution, mais c’est cela qui fait la richesse du débat intellectuel.

Les partis, mouvements politiques, le gouvernement, tout le monde a été littéralement soufflé par ce surgissement inattendu d’un mouvement qui a réussi à agglomérer la jeunesse urbaine diplômée de Pïkine, de Parcelles, de Guédiawaye et la jeunesse urbaine des classes moyennes dakaroises.

Dans la jungle de la gestion libérale, gangrenée par la corruption et le népotisme a surgi un mouvement, expression de la jeunesse urbaine qui s’oppose, à la compétition sociale entre les jeunes eux-mêmes, au « NO FUTURE » qu’on veut leur imposer.

Ce mouvement a constitué une réponse sociale et politique au système organisé des prébendes au travers des multiples agences pour l’emploi des jeunes créées par le régime, qui a siphonné littéralement tous les flux de capitaux de la coopération internationale et du budget national destiné à cette jeunesse urbaine.

Les errements d’un vieux gâteux et de son clan ont fait le reste, dans sa tentative de rapt électoral du 23 juin, qui l’a installé au cœur du débat démocratique.

Il reste que M 23 n’est pas toute la jeunesse.

Celle des ateliers mécaniques, de menuiserie métallique et bois qui par génération spontanée occupent l’espace public.

Celle des marchands ambulants, qui harcèlent les automobilistes de marchandises « tombés » des containers du port de Dakar, des marchés de nuit de Colobane, Gueule Tapée, Grand Yoff.

Ce n’est pas non plus cette multitude de jeunes des écuries de lutte que l’on voit courir, défiler fièrement derrière leur champion à l’occasion d’un combat de lutte.

Ces jeunes et ceux des quartiers de la médina à Dakar nous renvoient à l’échec des modèles de développement tant antérieurs, qu’actuels.

Cette jeunesse-là, c’est celle de la misère de nos arrière-cours (familiales et urbaines), à qui aucune perspective n’est offerte. 

Il reste que dans les statistiques dont on peut disposer, ces jeunes sont inscrits sur les listes électorales, démontrant ainsi l’adhésion aux perspectives que peut offrir la démocratie : le pouvoir choisir ses dirigeants.

Le paradoxe, c’est aussi qu’à force d’être marginalisée, cette jeunesse a fini par créer à ses marges une société parallèle avec ses codes, son langage, ses valeurs, d’individualisme, de consumérisme, de relativisme, apparaissant comme la nouvelle classe dangereuse, tout autant qu’elle montre une formidable appétence à l’engagement collectif.

Ce n’est pas non plus cette jeunesse rurale, pour ce qu’il en reste encore dans la campagne sénégalaise, hors du système scolaire moderne et de l’instruction publique et du maigre service public en milieu rural.

Mais le M23 en reste l’expression politique et sociale la plus aboutie.

Dans ce contexte, l’opposition n’a jamais su avoir le bon positionnement vis-à-vis de ce mouvement. Elle s’en est même, quelque fois fait le porte parole. Confiant ainsi un rôle politique (au sens de candidat au suffrage universel) à un mouvement qui, par essence, est social (au sens d’organisation).

Le jour où le M23 prétendra au suffrage universel, il changera de nature. Les jeunes citoyens qui le composent feront certainement des choix politiques différents et adhéreront chacun à des organisations et partis politiques.

Il ne faut pas lui prédire cet avenir, parce qu’il en a un autre autrement plus éminent, celui de VIGIE DEMOCRATIQUE, des promesses et engagements politiques des candidats à la présidentielle.

La faillite de notre système démocratique de représentation a atteint un tel point de non-retour, qu’il nous faut inventer des outils de reconstruction d’un système de participation civique.

Le réalisme politique nous oblige à anticiper la décision à venir du conseil constitutionnel qu’elle quelle soit.

Pour gagner, l’opposition doit s’adresser à la jeunesse. Elle fera l’élection comme en 2000. Lui faire des propositions, lui offrir un programme, une perspective.

Ils doivent être soumis à la critique, à l’expérimentation sociale, discutés, amendés avec tous les jeunes.

Tout le monde le sait, la jeunesse n’attend pas qu’on lui promette la lune. Il est fini le temps où il fallait réinventer le monde à chaque élection. Le Sénégal est un pays pauvre, sa richesse sera la qualité de son système éducatif et de formation.

L’investissement dans la qualification de sa main d’œuvre est le meilleur atout de notre pays.

La création musicale de la jeunesse sénégalaise est parmi les plus riches du continent. Il peut en être de même dans les autres domaines, de l’activité industrielle, de l’artisanat, des nouvelles technologies. A condition d’en créer les conditions de sécurité juridique, d’environnement des affaires et d’ingénierie financière.

Notre pays dispose de compétences avérées dans tous ces domaines sur le territoire national et dans sa diaspora.

On dira à notre jeunesse : SOYEZ REALISTES, DEMANDEZ L’IMPOSSIBLE.

C’est à notre portée, à condition que Vous, Moustapha, Ibrahima, Macky y croyez.

Babacar FALL

La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer.

publié le 28 décembre 2011 (Sud Quotidien)

Quel est le scénario catastrophe ?

Nonobstant l’avis du conseil constitutionnel, Wade se présente et est élu.

Il y aura des émeutes et de la violence, mais au final l’occident se résoudra à traiter avec lui. Il tiendra parce que l’appareil répressif d’Etat lui restera fidèle. L’environnement géopolitique du Sénégal avec Al Qaïda à nos portes, dans le Sahel fera que personne n’aura intérêt à une déstabilisation de ce qui restera de nos institutions même pourries par Wade.

Le Sénégal restera le Sénégal. Je suis sûr que les hommes d’Etat présents dans l’opposition s’accommoderont de quelques mois, quelques années de Wade, vieux et malade en espérant lui succéder après.

Les puissances occidentales le leur demanderont.

Cela s’appelle du réalisme politique.

Et les affaires mondiales fonctionnent ainsi.

Ce qui nous guette de pire, quelque soit le prochain président, c’est la crise économique ; scénario catastrophe.

Le tarissement des flux de capitaux nets ainsi que le poids de l’endettement massif auquel ce pouvoir a recouru pour financer ses projets mégalomaniaques va très vite se faire sentir.

Qui peut croire que la petite économie sénégalaise, tiendra quand la note triple A de la France sera dégradée par les agences de notation ?

Qui peut croire que la parité fixe imposée à notre monnaie qui corsète notre économie et qui la protège aussi actuellement, des bourrasques économiques mondiales tiendra en 2012 ?

Quel formidable échec de la GOANA, faite de rapines, de captations et de prédations des terres villageoises que la disette qui s’annonce dans les mois à venir dans les campagnes sénégalaises.

La soudure sera effroyable de souffrances dans maints foyers dans les campagnes sénégalaises

Il en est de l’économie comme du reste, à la fin il faut que quelqu’un paie.

Dans notre malheur, le rétablissement du fonctionnement normal de l’Etat ivoirien n’arrange pas nos affaires. Les capitaux et les investissements étrangers se tourneront vers ce pays. Il deviendra plus intéressant de prêter à la Côte d’Ivoire avec son pétrole, son cacao et ses autres productions agricoles plus demandées sur les marchés mondiaux.

Nous sommes perdants à tous les niveaux dans la compétition/comparaison avec la Côte d’ivoire

 Ainsi va la mondialisation financière.

De quelque côté que l’on se tourne, l’avenir et l’héritage que nous réserve Wade et son clan sera brutal.

Dans ces conditions, le visage que donne l’opposition sénégalaise est pathétique. Et à ce rythme, elle ne tiendra pas la distance dans la campagne de chien annoncée par Wade et son clan. Elle finira en lambeaux et ce quelque soient les péripéties qui peuvent survenir après la décision du conseil constitutionnel.

Il faut faire comme si Wade était le candidat et faire campagne avec ce paramètre.

Il y a deux erreurs à ne pas faire dans une campagne électorale et l’opposition y est tombée à pieds joints.

La première, suivre les événements et de ne plus rien maîtriser des thèmes de l’actualité.

La seconde être inaudible.

Sur ces deux chapitres, l’opposition est au fond du trou.

Si nous voulons gagner il faut en sortir très vite.

Et faire un choix stratégique.

S’adresser au peuple souverain sénégalais. Lui seul fera l’élection.

Elle ne se fera ni dans les « grands places modernes » que sont devenu les radios et télévisions.

Elle ne se fera pas non plus entre Benno et Benno. Elle ne se fera pas non plus entre Moustapha, Macky, Ibrahima qui se parlent entre eux.

Quand on entre en campagne et surtout celle-ci on évite l’entre soi, on ouvre en grand portes et fenêtres et on écoute le peuple.

Croyez-vous que les Sénégalais connaissent Barthélemy Diaz ? Ils l’ont vu à la télé (pour les chanceux ceux qui en ont) brandir ses pistolets, jouer les bravaches. Et pour finir offrir à Wade, l’occasion de nous divertir et de railler l’opposition d’être incendiaire et irresponsable. L’effet sera dévastateur auprès de nos mamans, sœurs et cousines, frères et amis. Posez-leur la question : elles vous répondront que le Sénégal et les Sénégalais ne veulent que la paix. C’est une valeur éminente dans notre panthéon quelque soit la région du pays.

Le M23 a beaucoup apporté à la jeunesse urbaine de Dakar, en termes de perspectives politiques. A tous égards son rôle est comparable en Europe et aux Etats Unis au mouvement des Indignés.

Il a ouvert un débouché et offert un espace d’apprentissage de la démocratie à beaucoup d’entre eux. La déclaration lue le vendredi 23 à la place de l’Obélisque est un modèle de positionnement républicain. Sans risque de me tromper, je pense que l’espace qu’ils ont ouvert a évité des dérives violentes et orienté une grande masse de jeunes à penser jusqu’à présent, que la démocratie et l’élection au suffrage universelle est le meilleur des régimes.

Mais le M 23 ne fera pas l’élection. C’est une illusion trompeuse. Le nombrilisme dakarois est un piège aussi mortel que celui que Wade nous a tendu avec cette affaire B.Diaz.

L’élection ne se fera pas non plus à coups de concours de génuflexion à Touba, Tivaouane, Kaolack ou ailleurs.

Je n’ai pas vu ou entendu un citoyen sénégalais dire qu’il attend le ndigël de son marabout pour voter.

Notre peuple a changé, il a admirablement intégré le suffrage universel, un homme une voix.

Le virus de la démocratie comme la vieille taupe a frappé et ne lâchera plus.

Que faire ?

Croire à l’intelligence du peuple souverain en démocratie.

Dire ce que l’on va faire s’il nous accorde ses suffrages.

Une élection quelque fois se noue dès le début de la campagne.

François Hollande a gagné les primaires à gauche, en parlant de ce qu’il allait faire malgré les tombereaux d’injures et de calomnies qui lui sont tombés dessus. Malgré l’affaire DSK- il est établi qu’il y a eu plus d’articles dans la presse écrites et audiovisuelles françaises et mondiales sur le sujet que sur l’attentat du 11 septembre-, il continue à devancer le candidat Sarkozy dans les sondages.

La leçon à en tirer c’est qu’une campagne se fait avec un ou deux messages avec lesquels on sature l’opinion et l’actualité.

Ensuite on ne parle pas de l’adversaire, on se tient à son message, qu’on répète s’il le faut mille fois. Beaucoup se rappelle toutes les campagnes mémorables de Senghor dans le monde paysan. Un seul mot d’ordre, une seule proposition répétée et reprise tout le temps sur le prix du quintal d’arachides.

Demandez aux ménagères de Dakar, aux paysans, aux chauffeurs de taxi, aux tailleurs, aux mécaniciens, aux enseignants, aux policiers, aux employés domestiques, à nos frères et sœurs ce qu’ils souhaitent.

Ils ne vous parleront pas de Wade spontanément, ni de Karim. Ils vous parleront de la vie chère de l’électricité et de la soudure dans les campagnes sénégalaises.

Ils voteront pour celui qui saura les rassurer et les convaincre qu’il est le meilleur candidat.

Oubliez Wade, les Sénégalais connaissent mieux que nous son bilan.

Parlez-leur de votre programme Moustapha, Ibrahima, Maky. En quelques mots simples.

Laisser le microcosme journalistique à ses débats et à ces sujets. Si ce que vous dites au peuple sénégalais est compris et s’il y adhère la presse le reprendra. C’est une loi de la communication politique.

Quand Chirac en 1995 reprend le thème de la fracture sociale dans sa campagne, tout le monde se moquait de lui. En dehors de quelques sociologues avertis personne n’avaient l’étude de la Fondation Saint-Simon.

Ce thème lui a permis de se positionner contre la gauche et Balladur comme le candidat des classes populaires. Il a gagné à la surprise générale.

Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.

Alors il est temps pour les candidats dont j’estime la probité et la stature morale d’homme d’Etat, capables de battre Wade ou un autre candidat de rechange, de s’y mettre. Vite.

Sortir de Dakar, aller partout, parler et écouter les Sénégalais à Kaolack, Thiès, Ziguinchor, Saint Louis…. Finir dans la banlieue dakaroise

Le temps en campagne est très court et on ne rattrape jamais ce qu’on a perdu au début.

Babacar FALL