La face hideuse d’une fin de mandat.

On pensait avoir tout vu des agissements et des manœuvres de ce régime finissant, mais dissoudre PASTEF, envoyer au bagne emprisonner son chef après la rafle de ses cadres, démanteler de façon chirurgicale ce parti et obliger Khalifa Sall, ce pauvre Barthélémy Diaz et Karim Wade à aller à Canossa a montré aux citoyens de ce pays et au monde entier que ce régime est prêt à tout.
Il a largué les amarres et vogue vers des rivages d’un totalitarisme inconnu dans ce pays depuis plus de 40 ans.

On pensait avoir tout vu des agissements et des manœuvres de ce régime finissant, mais dissoudre PASTEF, envoyer au bagne emprisonner son chef après la rafle de ses cadres, démanteler de façon chirurgicale ce parti et obliger Khalifa Sall, ce pauvre Barthélémy Diaz et Karim Wade à aller à Canossa a montré aux citoyens de ce pays et au monde entier que ce régime est prêt à tout.

Il a largué les amarres et vogue vers des rivages d’un totalitarisme inconnu dans ce pays depuis plus de 40 ans. 

Les livres d’histoire diront retiendront que c’est durant le régime de Macky Sall, que la police et des nervis ont osé tirer sur la population faisant plusieurs dizaines de morts.

On se souviendra que c’est sous son régime que plus 700 manifestants ont été raflés enfermés par ses séides.

L’histoire notera que c’est sous son régime que la prévarication, le détournement des deniers publics, la gabegie et l’impunité pour leurs auteurs auront atteint un niveau jamais vu (sauf sous son maître, Wade) sous nos horizons

Ce régime n’agit pas par convictions, parce qu’il n’en a pas.

Il agit au gré d’emprunts et toujours vers les extrêmes. Parce qu’il pense avec ses muscles.

Le Président et son clan de « katangais », mènent cette Nation à une banqueroute économique, sociale et morale complète.

On se souviendra de Macky Sall, comme d’un petit président.

Un bonapartisme sénégalais.

Nous le constatons depuis 12 ans, ce régime n’est pas capable d’assurer au peuple sénégalais, ni la lutte contre la misère sociale, ni le développement économique, ni le respect des libertés publiques.

C’est précisément, la raison pour laquelle, ils ne peuvent supporter plus longtemps l’ordre démocratique, avec les contestations, les manifestations, les interpellations des citoyens et de l’opposition. Ils sont contraints d’écraser les citoyens et surtout la jeunesse par la violence et la répression inouïe.

Le régime sait qu’il ne peut pas faire marcher l’armée contre le peuple sénégalais, parce qu’il sait que très souvent dans ces situations, cela s’achève par le passage d’une grande partie des soldats du côté du peuple.

Dans l’histoire politique dans beaucoup de pays, c’est la raison qui conduit à la création de bandes armées particulières (nervis) nourries, payées et dressées contre le peuple, comme certaines races de chiens sont dressées contre le gibier.

Ce régime est celui d’un homme arrivé au pouvoir par un heureux concours de circonstances.

Je crois à certains égards que l’on peut parler d’une tentation de Macky Sall à un « bonapartisme sénégalais » dans sa propension à vouloir incarner à lui seul, la nation sénégalaise contre tous les autres.

Puisqu’il les considère tous, de Khalifa Sall en passant par Karim Wade, (tous les deux passés par la case prison) et Ousmane Sonko comme des ennemis de l’Etat, que lui seul représente.

Il se méfie des corps intermédiaires, syndicats, organisation des droits de l’homme et autres associations, des confréries religieuses, de l’Eglise catholique, de tous les pouvoirs locaux, tous émanant de la société civile sénégalaise.

Ce régime d’ordre qui promet la paix civile, au moyen d’un pouvoir qu’il veut fort et actuellement extrêmement policier, ne fait aucune confiance aux revendications démocratiques des citoyens et montre une indifférence aveugle aux aspirations des jeunes sénégalais.

Il n’y a pour lui qu’une seule chose importante, rester au pouvoir, protéger son clan et sa famille, des enquêtes et audits à venir sur sa gestion.

Dans la soudaineté de ses décisions, le cynisme sans mesure dans lequel, il les habille, il porte l’impudence à un degré qui vous abasourdit et laisse ses admirateurs Farba Ngom, Mame Mbaye Niang et les autres esbaudis.

Stefan Sweig parlant de Joseph Fouché (ministre de la Police pendant les journées révolutionnaires en France à l’époque du Directoire) : « Il marche, non avec une idée, mais avec son temps et, plus est rapide la course de celui-ci, plus sera grande la vitesse qu’il prendra pour le suivre. Ce que ses anciens amis penseront et diront de lui, l’opinion de la foule et du public, le laissent complètement indifférent. Opportuniste, il connaît l’irrésistible force de reniement qu’a la lâcheté ; il sait qu’en politique pour agir sur les masses, la hardiesse est le dénominateur décisif de tous les calculs. »

Ce portrait de Joseph Fouché par Stefan Sweig, sur lequel on peut aisément apposer la figure de Macky, s’il peut nous renseigner sur sa psychologie, ne nous dit rien en revanche sur son projet politique depuis 2012.

Finalement, nous avons élu Président un homme dont on ne savait pas grand-chose de ses intentions politiques, ni comment il s’inscrivait dans le récit national de notre pays (si d’ailleurs c’est un sujet qui l’intéresse). 

J’ai défini ce régime, comme essentiellement une aventure politique d’un groupe qui s’est lancé dans le pari de gagner les élections présidentielles de 2012 et qui a réussi.

Peut-on en déduire que par nature, dans cette situation, son seul projet est de garder le pouvoir ?

Quoi qu’il en coûte.

C’est assurément ma conviction.

Les manifestations des militants, se roulant par terre au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le clan des griots convoqués pour chanter les louanges du chef éternel, les lutteurs bandant les muscles et se disputant les millions de francs que le chef leur distribue, rien n’y a fait.

Ces pauvres élus et cadres de Benno, s’égosillant à tour de rôle sur leur pauvre sort, si jamais le chef bien aimé ne se présentait pas, ont dû se rendre à l’évidence. Cet homme envers qui ils éprouvent un amour ardent et authentique, pour qui ils sont prêts à tous les sacrifices, a une mentalité de proconsul.

Il doit être seul à décider et personne ne doit lui imposer sa décision. 

La mobilisation des citoyens, partout sur le territoire et, parmi eux ces admirables femmes du « bois sacré » en Casamance, armées de leurs chants, de leurs danses et souvent du drapeau national, proclamant leur citoyenneté, face à ceux qui s’interrogent sur leur loyauté aura contribué à faire caner le chef de ses velléités de troisième candidature à un mandat.

Mais cet homme antipathique n’a pas de passion, sauf celle de gagner pour lui-même et les siens.

Boris Diop a dit dans une fameuse interview qu’il était aussi inculte.

Ceux qui ont donc contribué à sa reculade et sa défaite doivent en payer le prix. Il faut turbuler le système, renverser la table, quitte à s’asseoir sur 60 ans d’histoire politique du pays.

Mais jusqu’où peut aller Macky Sall ?

Les images de la bagarre généralisée au siège de l’APR les chaises qui voltigent sur les têtes des militants et les candidats putatifs à la succession qui prennent leurs jambes à leur cou et laissent les pauvres gars à leur triste sort, voilà qui souligne à souhait ce qu’est ce parti et la tâche herculéenne du chef pour se choisir un successeur.

Elles illustrent aussi d’abord la pétaudière qu’est l’APR et Benno, une association de clientèle que ne réunit que l’appât du gain et les prébendes sur les deniers publics.

L’incapacité du chef à décider, le recours au dinosaure Moustapha Niass sorti de la naphtaline et le refus d’une primaire entre les candidats témoigne d’un régime qui finira comme son créateur par l’implosion « façon puzzle » comme dirait l’autre.

Il n’y a aucun signe montrant que la continuité de la gestion a été pensée, en dehors du prolongement du mandat du chef.

Parce que le bonapartisme est le régime qui cultive la volonté et la croyance qu’une poignée d’hommes menée par le génie visionnaire du chef Macky Sall en l’occurrence, peut changer le destin de cette nation et le cours de notre histoire et qu’il sera chanté par les grands griots à l’instar de Samba Gueladjo Diégui, ce prince magnifique de l’une des plus belles épopées peules.

A écouter ses thuriféraires, ce président-héros est appelé par un élément quasi-surnaturel (d’où peut être les séjours permanents à la Mecque et les retraites spirituelles mystiques régulières). Peut-être entend-t-il des voix lui susurrer qu’il a un destin exceptionnel.  

Mais à écouter que ces voix, ne voit-il pas que son destin politique est désormais derrière lui ?

Personne ne peut à ce jour prédire ce que sera la situation politique après les présidentielles de février 2024. Mais les éléments politiques dont on dispose aujourd’hui montre que si les procédures démocratiques sont respectées, le successeur désigné par Macky Sall sera laminé, qu’il ne sera même pas qualifié pour le second tour éventuel des présidentielles.

Mais l’environnement interne et à l’échelle de la sous-région en perpétuel mouvement ne nous rassure pas sur les intentions du chef.

Les pouvoirs galonnés qui nous entourent lui donneront-ils le prétexte ou l’envie de se maintenir au pouvoir ?

La logique de la tentation bonapartiste du « sauveur de la patrie » pourrait le conduire à vouloir se poser en recours pour continuer à « défendre la Nation » en invoquant une crise nationale d’envergure dont lui seul serait capable de nous sortir.

Pour les démocrates de ce pays et du monde entier qui aiment le Sénégal la lutte pour le maintien de l’idéal républicain, de l’Etat de droit, de la séparation des pouvoirs, de la souveraineté du peuple à choisir ses dirigeants, passe par le départ de Macky Sall peut être malgré lui et ses velléités, après les présidentielles de 2024.