Une fête de l’instruction publique gâchée.

Que 100 écoles publiques rivalisent et s’épanouissent !!!
Seule l’école publique laïque garantit l’égalité des chances de tous les enfants de la République. Par la neutralité de l’enseignement et l’engagement absolu pour éduquer et former des citoyens libres, les enseignants de l’école publique sont nos héros quotidiens. Le gouvernement est attendu sur sa capacité à reconstruire le système public de l’éducation et pas d’ériger l’école privée catholique comme la voie exclusive de réussite scolaire des enfants.

Le tollé provoqué et les répliques successives par une partie des propos tenus par le Premier ministre lors de la remise des prix du concours général aura ruiné le message d’ensemble du président de la République et du premier ministre lui-même.

 C’était la fête de l’école, de l’éducation et de l’apprentissage de la science.

En substance, il s’agissait de mettre en exergue la valeur de l’instruction publique nationale au travers de ses brillants récipiendaires de toutes origines.

En écoutant bien les propos du premier ministre : « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. » On voit bien qu’il y a une erreur de contexte.

Rappelons qu’il répondait aux questions d’une jeune femme lauréate d’un concours de récitations de Coran à propos des daaras.  

La mauvaise querelle sur la laïcité des écoles confessionnelles catholiques.

L’Eglise catholique ne peut être le promoteur de la laïcité. Elle ne l’a pas inventée, ni au Sénégal, ni ailleurs.

La laïcité « européenne » ou française en particulier, puisque c’est de celle-là dont il s’agit s’est développée contre l’Eglise, accusée d’accaparement des consciences des enfants.

L’instauration de l’instruction publique, gratuite et laïque en France s’est faite contre la toute-puissance du clergé catholique à revendiquer sa compétence et sa prétention à former et éduquer tous les enfants.

A travers cette mauvaise querelle qui sévit depuis ces propos de Ousmane Sonko, nous sommes exactement en face d’un « double bind » ou double contrainte pour reprendre le concept de Gregory Bateson. En gros, une “double contrainte” est un type particulier de conflit qui crée une situation “non-gagnante” ; c’est-à-dire, une situation dans laquelle on est “damné si vous le faîtes et damné si vous ne le faîtes pas”.

Cela veut dire que le clergé catholique sénégalais se voit assigné à la défense d’une laïcité à la française qui ne le concerne en rien et qu’une frange importante de ses coreligionnaires français abhorrent.

Et le premier ministre semble ériger l’accès à ’école privée confessionnelle catholique comme étant la condition de la réussite scolaire pour les élèves sénégalais les plus brillants.C’est ainsi que je lis cette partie de son propos : « au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile ». Se voulant plus clair, il a ajouté : « Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée. »

Mais pourquoi alors que les meilleures écoles publiques gratuites leur sont ouvertes et que c’est leur place naturelle ?

Eloge de l’école publique, gratuite et obligatoire

Je suis un enfant de l’école publique (primaire, secondaire et université), l’école de tous les enfants, ouverte, laïque, tolérante, avec ses enseignants-hussards dont le dévouement, la disponibilité totale, faisaient notre admiration. C’est l’école du brassage et de l’édification des citoyens sénégalais. Où on apprend à « faire Nation ». Où on s’ouvre aux autres, d’où qu’ils viennent et quelle que soit l’origine sociale des parents. C’est cette école que les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation ont construite.

Léopold Senghor et Mamadou Dia et tous leurs compagnons avaient fait ce choix, qui est celui de l’avenir de notre Nation.

Tous les élèves du Sénégal de mon âge et les plus jeunes, parlent toujours avec beaucoup d’émotions des enseignants qui les ont marqués durant leur scolarité. Le ministre Guirrassy en a donné un témoignage l’autre jour en recevant son ancienne institutrice. Le premier ministre l’a illustré aussi dans une autre partie de son propos en parlant des enseignants qui l’ont encouragé à se discipliner pour ne pas rater ses études. Le parrainage de la cérémonie de remise des prix du concours général par le professeur Sangharé témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’ériger l’instruction publique comme levier indispensable du développement de notre pays.

Mais alors, pourquoi cette fixation sur le voile ?

Pourquoi cette mauvaise querelle sur l’admission réelle ou supposée des élèves voilées dans les écoles, en l’occurrence des écoles catholiques, même si le premier ministre ne les cite pas ?

Le premier principe de la laïcité ou du sécularisme sénégalais est celui de la neutralité de l’espace scolaire public. Tout du moins, comme l’ont voulu les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation.

Les convictions religieuses doivent rester à la porte de l’école publique. On se fiche de connaître la religion de tel ou tel camarade. On était de Blaise Diagne, de Van Vo ou Delafosse. Et une sorte de patriotisme scolaire se développait en sport, au hand, au foot ou au basket. On admirait les moyens que mettait l’encadrement de Saint Michel en sport. Mais on était ravi de les battre sur le terrain.

C’est le devoir des pouvoirs publics de construire des écoles publiques de qualité pour tous les enfants du Sénégal. Certes l’enseignement privé (confessionnel ou pas) est partie intégrante du système national d’éducation, mais il n’est pas destiné à tous les élèves. Alors que l’enseignement public est ouvert à tous. C’est de la responsabilité du gouvernement de le développer, le consolider et de l’étendre.

Les politiques d’ajustement structurel des années 80 ont démoli le système d’enseignement public : fin des programmes de construction (avec la honte absolue qu’a constitué jusqu’à aujourd’hui l’état de délabrement du lycée Limamou Laye de Guédiawaye malgré ses excellents résultats chaque année), arrêt des recrutements d’enseignants…

Que 100 écoles publiques rivalisent et s’épanouissent !!!

Du premier ministre j’attends l’annonce d’un programme de construction d’écoles publiques dans les grands centres urbains du pays et dans le monde rural. Je n’attends pas des propos sur l’exclusion réelle ou supposée d’élèves voilées des écoles catholiques et qui ne concernent en l’occurrence que quelques dizaines des filles et dont les parents ont suffisamment les moyens de leur trouver une place ailleurs. Ce qui est d’ailleurs le cas à chaque rentrée.

Le souverainisme économique et le développement de ce pays mérite que l’on évite ces mauvaises querelles et que l’on se concentre sur l’essentiel.

Pour reprendre le mot de Mamadou Diouf, une véritable révolution démocratique s’est enclenchée dans ce pays, une déconstruction-reconstruction de certains paradigmes est en route. Parmi celles-ci une prise de conscience citoyenne, jamais observée et à certains égards, comparable aux mobilisations pré et postindépendance.

J’ai prédit et écrit sur la raclée électorale qu’allait subir le régime corrompu de Macky. Et le résultat est au-delà des espoirs des démocrates et des républicains de ce pays et d’ailleurs.

Les premières décisions et l’allure générale des mesures arrêtées (à l’exception notable de la parité dans les nominations aux fonctions de direction publiques), la gestion maîtrisée des politiques publiques, annoncent des lendemains qui tranchent agréablement avec la fin de règne de Macky Sall et même de Wade.  Le renouvellement générationnel, les nouveaux talents et compétences et les pratiques du gouvernement constituent assurément de très agréables surprises.

Macky Sall, un sortant aux abois à la recherche d’une bouée de sauvetage

Un homme (et son clan) aux abois crie sa détresse et cherche secours pour une absolution de toutes ses fautes. Et il utilise les « autres », surtout les frustrés du parrainage, comme bouclier pour justifier « son dialogue ».

Un homme (et son clan) aux abois crie sa détresse et cherche secours pour une absolution de toutes ses fautes. Et il utilise les « autres », surtout les frustrés du parrainage, comme bouclier pour justifier « son dialogue ».

Un dialogue pour se sauver

Que n’a-t-il pas dialogué pendant 12 ans, ayant eu tout le temps et tous les pouvoirs pour ce faire ? Il a préféré réprimer, embastiller, mettre sous silence tout opposant (réduire à sa plus simple expression), sans autre forme de procès, sous les prétextes les plus fallacieux si ce n’est les plus loufoques : terroriste, salafiste, comploteur contre l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste …

Craignant les retours de flamme après son départ du pouvoir, il a pensé s’auto-amnistier par une Loi en Conseil de Ministres, soumise au vote de l’Assemblée nationale … dans une période suspecte. Il a dû se raviser sachant que la ficelle était trop grosse.

Sa trouvaille : « le dialogue de 48 heures » pour que l’auto-amnistie passe à l’amnistie acceptée et « décidée » par consensus à l’issue des « 48H de Dakar ».

Tout acteur politique qui participerait à ce deal, frustré du parrainage ou inscrit sur la liste des candidats retenus par le Conseil constitutionnel, serait responsable de la plus grande forfaiture et d’une faute politique qui laissera une tache indélébile dans l’histoire de notre pays.

Aujourd’hui Il a besoin de vous pour dire au monde « ce n’est pas ma décision mais celle issue du dialogue national » (dialogue de fin de règne).

Macky SALL a fini son mandat. Il ne lui reste qu’une seule obligation qu’il tire de ses fonctions de président sortant : fixer par décret la date de l’élection comme il l’avait déjà fait en appelant le corps électoral le dimanche 25 février.  Il s’est ravisé tout seul avec des prétextes qu’il a lui-même jugés légers, en renouvelant sa confiance à celui qui est au centre des prétextes évoqués.

Que personne n’accepte pas de lui servir de faire valoir ou plutôt de « chair à canon ». La situation actuelle relève de sa seule et exclusive responsabilité et il n’a pas besoin de vous pour présider durant les derniers jours de son mandat.

Il a senti la terre se dérober sous ses pieds depuis sa décision honteuse décriée par tous les pays et partenaires du Sénégal et il craint de devenir un paria à travers le monde, persona non grata, risquant de ne plus être reçu par ses anciens homologues qui ont tous pris leur distance (il a parlé de campagne nauséabonde hier … c’est plutôt sa décision qui mérite ce qualificatif).

La suite, ce seront les campagnes de poursuites à travers le monde sur sa personne et ses proches pour les fortunes accumulées en 12 ans ou plus (car il y en a eu avant 2012) … c’est de ça qu’il a peur : vivre un cauchemar à partir du 3 Avril et la hantise jusqu’à la fin de ses jours alors qu’il voudrait plutôt jouir de ses biens accumulés sur le dos des Sénégalais.

Macky a peur et si Karim WADE souhaite se coaliser avec lui, libre à lui et ses suiveurs de se rendre aux 48H de Dakar et qu’ils assument tous les deux, les lamentables décisions qui s’y prendront.

Qu’ils prennent la responsabilité de rejeter eux-mêmes les décisions du Conseil Constitutionnel dont Macky SALL a lui-même rappelé qu’ils ne sont pas susceptibles de recours, lors de sa rencontre avec des candidats non retenus sur la liste arrêtée par le Conseil.

La décision du conseil constitutionnel une fierté

Le Sénégal a recouvré sa belle image d’un pays organisé et digne de sa réputation grâce aux décisions du Conseil Constitutionnel : notre nation dispose d’assez d’anticorps pour résister à ces attaques d’un sortant désespéré ou d’un apprenti sorcier qui a fait un parjure avéré.

Peu importe si Karim WADE a perdu sa nationalité française et en a apporté la preuve le 16 Javier 2024. Le fait est, qu’il a déclaré sur son « honneur » en 2019 puis en 2023 (deux fois de suite) qu’il était exclusivement sénégalais au moment de déposer sa candidature.

Il s’agit d’un parjure et le Conseil a justement fait le constat d’un faux dans sa déclaration sur « l’honneur ». Quel sens de l’honneur pour mentir deux fois de suite en 5 ans alors qu’on sollicite la confiance du peuple ?

Ces deux-là, ne valent pas que vous mettiez vos mains dans la fange et ternissiez à jamais votre image. Vous seriez définitivement classés parmi les renégats et traitres à leur nation. Vous n’en tireriez aucun avantage, ni profit.

Le Monde entier ouvre les yeux sur le régime de Macky Sall en ce moment et le classe parmi les apprentis dictateurs.

Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes : il avait le choix de laisser les Sénégalais voter le 25 février et choisir le Président pour les 5 années à venir.

En 2012, il s’est installé en s’engageant à lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite (ce qui n’a strictement rien donné, encore moins influé sur 12 ans de mauvaises pratiques dans ces domaines) … aujourd’hui il veut s’en aller en ayant notre absolution.

De grâce ne tombons pas dans le piège. Laissons-le sortir tout petit et saluons la grandeur de notre très Beau Sénégal.

« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ».  Pour ceux qui serez sensibles aux appels des sirènes du palais.

Vous serez bien inspirés de vous en tenir strictement à la décision du Conseil constitutionnel et de refuser les appels mal venus de personnes qui ne veulent pas votre bien ni celui du Sénégal mais seulement le leur. Le Conseil a retenu une liste de candidats ; et à la surprise de tous un candidat encore incarcéré. De grandes manœuvres sont engagées le visant pour lui tendre la main. Il faut refuser ces tentatives de manipulation de dernières minutes. Il ne devra son élargissement qu’au Peuple et non à ces comploteurs. Ce régime a eu 12 ans pour tendre la main et vous associer à la gestion du pays, ils ont préféré vous diaboliser.

La face hideuse d’une fin de mandat.

On pensait avoir tout vu des agissements et des manœuvres de ce régime finissant, mais dissoudre PASTEF, envoyer au bagne emprisonner son chef après la rafle de ses cadres, démanteler de façon chirurgicale ce parti et obliger Khalifa Sall, ce pauvre Barthélémy Diaz et Karim Wade à aller à Canossa a montré aux citoyens de ce pays et au monde entier que ce régime est prêt à tout.
Il a largué les amarres et vogue vers des rivages d’un totalitarisme inconnu dans ce pays depuis plus de 40 ans.

On pensait avoir tout vu des agissements et des manœuvres de ce régime finissant, mais dissoudre PASTEF, envoyer au bagne emprisonner son chef après la rafle de ses cadres, démanteler de façon chirurgicale ce parti et obliger Khalifa Sall, ce pauvre Barthélémy Diaz et Karim Wade à aller à Canossa a montré aux citoyens de ce pays et au monde entier que ce régime est prêt à tout.

Il a largué les amarres et vogue vers des rivages d’un totalitarisme inconnu dans ce pays depuis plus de 40 ans. 

Les livres d’histoire diront retiendront que c’est durant le régime de Macky Sall, que la police et des nervis ont osé tirer sur la population faisant plusieurs dizaines de morts.

On se souviendra que c’est sous son régime que plus 700 manifestants ont été raflés enfermés par ses séides.

L’histoire notera que c’est sous son régime que la prévarication, le détournement des deniers publics, la gabegie et l’impunité pour leurs auteurs auront atteint un niveau jamais vu (sauf sous son maître, Wade) sous nos horizons

Ce régime n’agit pas par convictions, parce qu’il n’en a pas.

Il agit au gré d’emprunts et toujours vers les extrêmes. Parce qu’il pense avec ses muscles.

Le Président et son clan de « katangais », mènent cette Nation à une banqueroute économique, sociale et morale complète.

On se souviendra de Macky Sall, comme d’un petit président.

Un bonapartisme sénégalais.

Nous le constatons depuis 12 ans, ce régime n’est pas capable d’assurer au peuple sénégalais, ni la lutte contre la misère sociale, ni le développement économique, ni le respect des libertés publiques.

C’est précisément, la raison pour laquelle, ils ne peuvent supporter plus longtemps l’ordre démocratique, avec les contestations, les manifestations, les interpellations des citoyens et de l’opposition. Ils sont contraints d’écraser les citoyens et surtout la jeunesse par la violence et la répression inouïe.

Le régime sait qu’il ne peut pas faire marcher l’armée contre le peuple sénégalais, parce qu’il sait que très souvent dans ces situations, cela s’achève par le passage d’une grande partie des soldats du côté du peuple.

Dans l’histoire politique dans beaucoup de pays, c’est la raison qui conduit à la création de bandes armées particulières (nervis) nourries, payées et dressées contre le peuple, comme certaines races de chiens sont dressées contre le gibier.

Ce régime est celui d’un homme arrivé au pouvoir par un heureux concours de circonstances.

Je crois à certains égards que l’on peut parler d’une tentation de Macky Sall à un « bonapartisme sénégalais » dans sa propension à vouloir incarner à lui seul, la nation sénégalaise contre tous les autres.

Puisqu’il les considère tous, de Khalifa Sall en passant par Karim Wade, (tous les deux passés par la case prison) et Ousmane Sonko comme des ennemis de l’Etat, que lui seul représente.

Il se méfie des corps intermédiaires, syndicats, organisation des droits de l’homme et autres associations, des confréries religieuses, de l’Eglise catholique, de tous les pouvoirs locaux, tous émanant de la société civile sénégalaise.

Ce régime d’ordre qui promet la paix civile, au moyen d’un pouvoir qu’il veut fort et actuellement extrêmement policier, ne fait aucune confiance aux revendications démocratiques des citoyens et montre une indifférence aveugle aux aspirations des jeunes sénégalais.

Il n’y a pour lui qu’une seule chose importante, rester au pouvoir, protéger son clan et sa famille, des enquêtes et audits à venir sur sa gestion.

Dans la soudaineté de ses décisions, le cynisme sans mesure dans lequel, il les habille, il porte l’impudence à un degré qui vous abasourdit et laisse ses admirateurs Farba Ngom, Mame Mbaye Niang et les autres esbaudis.

Stefan Sweig parlant de Joseph Fouché (ministre de la Police pendant les journées révolutionnaires en France à l’époque du Directoire) : « Il marche, non avec une idée, mais avec son temps et, plus est rapide la course de celui-ci, plus sera grande la vitesse qu’il prendra pour le suivre. Ce que ses anciens amis penseront et diront de lui, l’opinion de la foule et du public, le laissent complètement indifférent. Opportuniste, il connaît l’irrésistible force de reniement qu’a la lâcheté ; il sait qu’en politique pour agir sur les masses, la hardiesse est le dénominateur décisif de tous les calculs. »

Ce portrait de Joseph Fouché par Stefan Sweig, sur lequel on peut aisément apposer la figure de Macky, s’il peut nous renseigner sur sa psychologie, ne nous dit rien en revanche sur son projet politique depuis 2012.

Finalement, nous avons élu Président un homme dont on ne savait pas grand-chose de ses intentions politiques, ni comment il s’inscrivait dans le récit national de notre pays (si d’ailleurs c’est un sujet qui l’intéresse). 

J’ai défini ce régime, comme essentiellement une aventure politique d’un groupe qui s’est lancé dans le pari de gagner les élections présidentielles de 2012 et qui a réussi.

Peut-on en déduire que par nature, dans cette situation, son seul projet est de garder le pouvoir ?

Quoi qu’il en coûte.

C’est assurément ma conviction.

Les manifestations des militants, se roulant par terre au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le clan des griots convoqués pour chanter les louanges du chef éternel, les lutteurs bandant les muscles et se disputant les millions de francs que le chef leur distribue, rien n’y a fait.

Ces pauvres élus et cadres de Benno, s’égosillant à tour de rôle sur leur pauvre sort, si jamais le chef bien aimé ne se présentait pas, ont dû se rendre à l’évidence. Cet homme envers qui ils éprouvent un amour ardent et authentique, pour qui ils sont prêts à tous les sacrifices, a une mentalité de proconsul.

Il doit être seul à décider et personne ne doit lui imposer sa décision. 

La mobilisation des citoyens, partout sur le territoire et, parmi eux ces admirables femmes du « bois sacré » en Casamance, armées de leurs chants, de leurs danses et souvent du drapeau national, proclamant leur citoyenneté, face à ceux qui s’interrogent sur leur loyauté aura contribué à faire caner le chef de ses velléités de troisième candidature à un mandat.

Mais cet homme antipathique n’a pas de passion, sauf celle de gagner pour lui-même et les siens.

Boris Diop a dit dans une fameuse interview qu’il était aussi inculte.

Ceux qui ont donc contribué à sa reculade et sa défaite doivent en payer le prix. Il faut turbuler le système, renverser la table, quitte à s’asseoir sur 60 ans d’histoire politique du pays.

Mais jusqu’où peut aller Macky Sall ?

Les images de la bagarre généralisée au siège de l’APR les chaises qui voltigent sur les têtes des militants et les candidats putatifs à la succession qui prennent leurs jambes à leur cou et laissent les pauvres gars à leur triste sort, voilà qui souligne à souhait ce qu’est ce parti et la tâche herculéenne du chef pour se choisir un successeur.

Elles illustrent aussi d’abord la pétaudière qu’est l’APR et Benno, une association de clientèle que ne réunit que l’appât du gain et les prébendes sur les deniers publics.

L’incapacité du chef à décider, le recours au dinosaure Moustapha Niass sorti de la naphtaline et le refus d’une primaire entre les candidats témoigne d’un régime qui finira comme son créateur par l’implosion « façon puzzle » comme dirait l’autre.

Il n’y a aucun signe montrant que la continuité de la gestion a été pensée, en dehors du prolongement du mandat du chef.

Parce que le bonapartisme est le régime qui cultive la volonté et la croyance qu’une poignée d’hommes menée par le génie visionnaire du chef Macky Sall en l’occurrence, peut changer le destin de cette nation et le cours de notre histoire et qu’il sera chanté par les grands griots à l’instar de Samba Gueladjo Diégui, ce prince magnifique de l’une des plus belles épopées peules.

A écouter ses thuriféraires, ce président-héros est appelé par un élément quasi-surnaturel (d’où peut être les séjours permanents à la Mecque et les retraites spirituelles mystiques régulières). Peut-être entend-t-il des voix lui susurrer qu’il a un destin exceptionnel.  

Mais à écouter que ces voix, ne voit-il pas que son destin politique est désormais derrière lui ?

Personne ne peut à ce jour prédire ce que sera la situation politique après les présidentielles de février 2024. Mais les éléments politiques dont on dispose aujourd’hui montre que si les procédures démocratiques sont respectées, le successeur désigné par Macky Sall sera laminé, qu’il ne sera même pas qualifié pour le second tour éventuel des présidentielles.

Mais l’environnement interne et à l’échelle de la sous-région en perpétuel mouvement ne nous rassure pas sur les intentions du chef.

Les pouvoirs galonnés qui nous entourent lui donneront-ils le prétexte ou l’envie de se maintenir au pouvoir ?

La logique de la tentation bonapartiste du « sauveur de la patrie » pourrait le conduire à vouloir se poser en recours pour continuer à « défendre la Nation » en invoquant une crise nationale d’envergure dont lui seul serait capable de nous sortir.

Pour les démocrates de ce pays et du monde entier qui aiment le Sénégal la lutte pour le maintien de l’idéal républicain, de l’Etat de droit, de la séparation des pouvoirs, de la souveraineté du peuple à choisir ses dirigeants, passe par le départ de Macky Sall peut être malgré lui et ses velléités, après les présidentielles de 2024.

Au Sénégal, le pire n’est jamais sûr…

Le pire n’est jamais sûr…
Mais, on y va tout droit.
Le régime de Macky est-il si sourd et aveugle qu’il ne voit pas le niveau de détestation dont il est l’objet dans ce pays, en zone urbaine et rurale et dans toutes les couches sociales ? Une simple plongée dans le quotidien des citoyens lui aurait, pourtant, donné des indices sur le niveau de ras-le-bol observé, comme jamais dans l’histoire politique récente, à l’exception de la toute dernière période du président Wade.

Mais, on y va tout droit.

Le régime de Macky est-il si sourd et aveugle qu’il ne voit pas le niveau de détestation dont il est l’objet dans ce pays, en zone urbaine et rurale et dans toutes les couches sociales ? Une simple plongée dans le quotidien des citoyens lui aurait, pourtant, donné des indices sur le niveau de ras-le-bol observé, comme jamais dans l’histoire politique récente, à l’exception de la toute dernière période du président Wade. 

Le pouvoir est pris dans son propre piège.

Dans la stratégie du régime, pour légitimer politiquement et non en droit, le troisième mandat du président Macky SALL, la diabolisation de Ousmane Sonko était la pierre angulaire. Il était supposé être le plus mauvais candidat, celui qui trainait une réputation sulfureuse, des accointances avec les indépendantistes de Casamance, les salafistes et autres courants issus de la mouvance sénégalaise des frères musulmans des Ibadou Rahmane et des autres.

En somme, toutes tares qui devaient le disqualifier aux yeux des républicains et des citoyens attachés au contrat sénégalais (notre commun vouloir de vie commune) fait de modérations, de compromis social et de juste milieu.

Cette stratégie a ripé sur le contexte socio-économique du pays. La crise est profonde, nonobstant ce qu’en dit le régime. Pour qui sait lire entre les lignes et le langage, très diplomatique, des institutions de Bretton Woods, notre économie va droit dans le mur. Un niveau d’endettement public record à 75% du PIB qui tend à être insoutenable. Une baisse drastique des recettes fiscales par comparaison à la hausse continue de la dépense publique, surtout de la masse salariale de l’Etat (due plus aux recrutements clientélistes que pour accroître l’efficacité des ressources humaines de l’Etat).

Un niveau d’inflation de 9,7% jamais vu depuis des décennies (dixit le FMI). Les ménages sénégalais confrontés quotidiennement à la hausse des prix, aux marchés, dans les transports en commun, le savent mieux que ces experts. Ce n’est pas le millefeuille administratif inventé par le gouvernement pour baisser les loyers et la frousse que lui donne les transporteurs privés, qui vont aider à diminuer les prix de ce côté.

Mais le pire est à venir, avec la quasi-injonction du FMI pour que le gouvernement supprime les subventions sur l’électricité. La hausse de la facture de la Senelec devrait suivre bientôt. 

Et ce gouvernement gage, tous les jours, les revenus à venir du pétrole et du gaz. Et la presse aux ordres salue avec tambours et trompettes et au son des balafons, la levée presque mensuelle de fonds auprès des banques et des investisseurs afin d’assurer la trésorerie pour le fonctionnement de l’Etat.

Et pendant ce temps, les entreprises nationales courent derrière leurs factures pour être payées sur les maigres parts de marchés qu’elles arrivent à gagner. Puisque les entreprises chinoises, turques, marocaines et françaises raflent, désormais, tous les appels d’offres publics.

Ce qui reste est littéralement donné « aux amis du pouvoir » pour en enrichir quelques-uns. Voilà le tableau qui s’offre aux citoyens sénégalais. Vie chère, appauvrissement des familles, gabegies financières, corruption indécente de quelques-uns jusqu’au plus haut sommet du régime.

L’indécence de l’enrichissement accélérée du griot du président, du beau-frère, du figurant actuel au ministère du tourisme, heurte au plus profond, les masses de sénégalais qui n’en peuvent plus.

Et on voudrait leur vendre cette alternative ridicule du Moi (Macky) ou le Chaos (Sonko).  Les Sénégalais ont répondu, lors des dernières élections locales en donnant, une majorité de grandes villes et des communes des grandes zones urbaines à l’opposition (coalition Yewwi askan wi et Walu).  Et lors des législatives, en infligeant une retentissante raclée électorale à la majorité sortante de Macky Sall.

La politique du ventre selon Macky

En décembre 2012, dans un article prémonitoire paru le 04 décembre 2012 dans Sud Quotidien (à retrouver sur mon blog bfbac.com), « Un pas en avant, deux pas en arrière », je donnais mon sentiment, sur les premiers pas du régime de Macky SALL.

« Au poker, quand un joueur a la meilleure main qui soit et perd sa mise, on parle de BAD BEAT. Ce joueur est un « FISH », c’est à dire un joueur débutant, inexpérimenté qui commet des erreurs grossières et visibles. Après plus de 6 mois de fonctionnement, le gouvernement du Sénégal donne cette impression désagréable d’amateurisme, d’impréparation à la gestion de l’Etat, de pusillanimité, de pilotage à courte vue et quelque fois plus grave de reproduire ce que Wade a appris à beaucoup d’entre eux du temps de leur fameux compagnonnage.  En somme du Wade sans Wade. Et pourtant nous avons tellement attendu ce changement ! 12 ans d’un pouvoir qui a réduit à néant notre culture des règles de la bonne administration publique, de l’Etat de droit, réduite à néant au profit de coteries familiales et financières. »

Le temps m’aura donné raison au vu de la réalité de ce qu’il est devenu aujourd’hui.

Ce régime a ruiné l’Etat, fragilisé les institutions publiques, privilégiant les allégeances politiques à la compétence professionnelle et technique, dans le choix des directeurs d’administration et de sociétés nationales, explosé jusqu’à l’écœurement le nombre de ministres, de sous ministres et de conseillers estampillés ministres-conseillers. Il n’est que de voir, à la lecture du communiqué du conseils des ministres, sur la chaîne de télévision officielle, cette galerie de mines réjouies, installée devant la longue table du conseil des ministres et faussement studieuses. « Adieu veau, vache, cochon, couvée » se surprennent à reprendre cette expression de La Fontaine, certains anciens en songeant à ce qu’était un conseil des ministres du temps de L. Senghor et A Diouf. 

La litanie des scandales financiers n’en finit plus.

Sud Quotidien, dans un article récent en a fait une chronique de 2012 à ce jour : COUD, NDINGLER PETROTIM, BICTOGO, PRODAC TER, TF 1451/R…et last but not least, le Fonds Force Covid19, riche de mille milliards de FCFA sur lequel, beaucoup de ceux, que la politique des copains et des coquins a réuni, se sont bâfrés goulûment.

Puisqu’il n’y a plus de limites à l’indécence, les rapports d’audits des corps de contrôle on s’assoit dessus, la peur du gendarme a disparu, pourquoi se retenir désormais. Tous les jours, c’est à celui ou celle qui affichera le plus ostensiblement sa loyauté au chef, avec les mobilisations des populations, achetées à coup de millions de FCFA, parmi les directeurs de sociétés nationales.  

Le régime de Macky Sall a aussi, créé cette galerie de monstres, miroir exact de celle de la période de Wade, incultes, sans foi ni lois, voraces, qui ne connaît aucune limite.

Après Pape Samba Mboup, Farba Senghor, Clédor Sène et sa bande de sicaires, soutenus et financés par Samuel Sarr, nous avons aujourd’hui Farba Ngom, Mame Mbaye Niang, Mamadou Lamine Massaly et de multiples Dr de tout et de rien.

Quelle est la nature de ce régime ?

Assurément d’une aventure politique, d’une prise de risque qui a réussi.

D’un homme, victime des outrances, des brimades de son mentor, qui décide avec un petit groupe d’amis et de sa famille, de se venger. Qui découvre, chemin faisant, les circonstances aidant, notamment la fin du régime de Wade et l’exaspération des citoyens, une fenêtre d’opportunités. Et qui s’en saisit, en sollicitant des appuis et des soutiens.

Si on analyse ce moment politique, qui révèle le candidat Macky Sall, inexpérimenté, sans moyens à l’époque, ne disposant pas encore d’un appareil politique, on voit bien que c’est sa capacité politique et son audace à se saisir des circonstances (quasi-insurrection des citoyens devant la volonté de 3ème mandat de Wade et de son souhait d’installer son fils comme héritier) qui le propulse au-devant des acteurs politiques traditionnels. Sa jeunesse et les moyens qui affluent achèvent de l’installer sur le podium.

Son instinct, l’empathie que lui démontre les citoyens, face aux vexations dont il est l’objet de la part de Wade, sa résilience, l’installe en tête des candidats au 1er tour des présidentielles de 2012. Ce ne sont certainement pas son programme insipide (Yoonu Yokkuté), ses dons d’orateurs ou son « charisme ».

Au 1er tour Macky SALL a recueilli 26,58% des suffrages. C’est la dynamique politique après cette première estocade inattendue contre Wade, qui fait le reste, grâce à la discipline de vote des électeurs du parti socialiste (11,30%). Et le rassemblement de Benno Bokk Yaakar derrière sa candidature unique, crée ce formidable et surprenant maelström du 2ème tour, qui voit la victoire écrasante d’un quasi-inconnu de la scène politique nationale à 65,80% des voix exprimées.

Mais, comme tous les analystes politiques le savent, au 1er tour on choisit et au 2nd on se rassemble. C’est pourquoi Macky Sall et ses conseillers les plus avisés, le voient bien, le socle électoral du régime est très faible. Et il n’est pas arrivé jusqu’à présent à faire la bascule, même aux présidentielles de 2019 où il est élu au 1er tour avec 58% des voix.

Il n’est donc pas étonnant qu’il s’agrippe jusqu’à la dernière énergie au rassemblement avec Benno Bokk Yaakar qui lui assure une majorité électorale de fait. Mais cette quasi-rente, que le parti socialiste et les vieux caciques de l’ex-gauche communiste (PIT et PIT), assurés de continuer à bénéficier de certaines sinécures, arrive à sa fin comme un cycle politique dans le cadre d’une séquence ouverte depuis 2012.

La perte de la majorité aux législatives de 2022, clôt cette séquence qui devrait aboutir à la fin de Benno Bokk Yaakar et ouvrir un autre cycle nonobstant la querelle entretenue sur le 3ème mandat.

Au fond, quand on analyse ce régime et ses animateurs et au premier chef le Président, on se trouve face à une suite d’actes politiques, qui fait la part belle à une sorte d’éloge de l’empirisme (débrouillardises plus trivialement), qui explique l’aveuglement quand surviennent les passages difficiles. Ce régime n’a pas de récit national à offrir aux sénégalais, si ce n’est de mauvais emprunts, qu’on habille sous le nom de l’efficacité.

A preuve, chaque réalisation et chaque investissement s’inscrit dans un « hub ». Ce techno langage (en franglais pour mieux en accentuer les effets) souvent utilisé pour dissimuler les faiblesses et les lacunes des projets.

Derrière, il y a cette idée que l’utilisation des termes techniques, des acronymes et des jargons, peut créer l’illusion de la complexité et de l’expertise et empêcher une remise en question et des critiques. Sans oublier bien sûr les montants en dizaines ou centaines de milliards de CFA, que son Excellence fait ruisseler dans ce pays chaque jour que Dieu fait.

Et le mimétisme dans le discours entre autorités politiques, du Président aux ministres et sous ministres est symptomatique de l’indigence intellectuelle et doctrinale qui règne au sein de ce régime, sur la démocratie, la République, la séparation des pouvoirs, la laïcité de l’Etat, la vision de l’économie politique au Sénégal

Le projet de 3ème mandat de Macky SALL est une menace pour la République et la démocratie.

Il faudrait être sourd et aveugle, pour ne pas voir que dès les résultats des présidentielles proclamés, un dispositif a été pensé, pour mettre sur les rampes une 3ème candidature présidentielle de Macky.

Les images, presque quotidiennes de l’activisme du cercle familial proche du Président, et du clan des « katangais » qui l’entoure, court-circuitant les instances de la coalition et de l’APR aphone, la montée au front régulier du ministre de la justice défendant cette hérésie juridique du droit au 3ème mandat, tout cela ne laisse aucun doute sur la volonté d’une candidature.

C’est dire combien l’aventurisme politique constitue un danger pour la démocratie.

Ce qui est vrai du « macronisme » en France, du « trumpisme » aux USA, l’est pour le régime de Macky Sall.

De tout temps, l’aventurisme en politique s’est toujours caractérisé par l’émergence d’un leader, en opposition radicale au système en place pour se positionner en alternative. Quand on écoute les discours de Macky Sall en 2011, contre A. Wade, les appels à l’insurrection, à l’intervention de l’armée ou à aller au Palais déloger le vieux Président, on se pince, eu égard aux cris d’orfraie que la presse pro-Macky pousse devant les discours actuels de Yewwi et de O Sonko.

Pour gagner en 2012, Macky Sall avait su opposer des solutions simplistes à la complexité des réponses de Wade, pour susciter l’adhésion du plus grand nombre de sénégalais.

Il a su attiser la colère des jeunes, surtout devant la gabegie de la gestion Wade, son clientélisme, sa gestion clanique et surtout la corruption généralisée du régime. Il s’est présenté comme le seul susceptible de changer le système, de représenter les exclus et les marginalisés.

Aujourd’hui ces ressorts sont cassés, à l’épreuve de sa propre gestion depuis 12 ans.

Et tout se passe, comme si, la lecture des dynamiques politiques actuelles avec Ousmane Sonko comme figure emblématique lui renvoyait à la fois l’échec de sa gestion et les conditions réunies de sa défaite en 2024.

Ce qui explique ses dérives autoritaires, la judiciarisation du champ politique, les rafles policières des opposants, l’instrumentalisation de l’administration territoriale et de la Justice.

L’aventurisme politique qui caractérise ce régime a des conséquences très graves pour la stabilité de nos institutions, l’avenir de la démocratie et de la République.

Dans un discours enflammé en février 2023 à Pikine, sans doute grisé par la foule et la chaleur, le falot premier ministre qu’il « a donné » au pays après la bérézina des législatives, a dit que Macky Sall sera candidat en 2024 et peut être en 2029.

« Nous n’avons pas de plan B ni de plan C. Macky Sall est notre seul plan. Que ça soit 2024 ou 2029, c’est du pareil au même. C’est à conjuguer au passé. Il peut compter sur nous. Nous nous attellerons à faire tout ce qu’il souhaite. Et c’est ce message qu’attend de nous le Président Macky Sall »

L’argument est toujours le même, pour les thuriféraires du pouvoir, le Président doit finir ses chantiers.

Et comme des chantiers s’ouvriront aussi, durant un autre mandat de 5 ans en 2024, il n’y a plus de limite juridique, ni morale, à une présidence à vie.

Puisqu’il peut se présenter autant qu’il le souhaite aux suffrages des citoyens. D’ailleurs on se demande bien pourquoi ennuyer les sénégalais avec ces appels aux suffrages ?

Peut-être pourrait-on décréter Macky Sall, Président Eternel, Grand dirigeant, Soleil de la Nation ?

L’aventurisme politique s’affranchit des règles et des valeurs de la démocratie, comme le respect des libertés publiques, de manifestations, d’expression des minorités. Les seules règles admises sont celles qui lui permettent le maintien au pouvoir. Les institutions n’ont de légitimité que celle que leur confère la loyauté à la parole et aux désirs du Grand timonier.

Le régime actuel engendre un clivage puissant au sein de la société entre les citoyens et tente de recréer les violences et les crises irrédentistes en Casamance, puisqu’à chaque fois doit se jouer cette posture du Moi ou le Chaos.

L’aventurisme politique de Macky Sall entamé en 2012, menace profondément la stabilité politique de notre pays.

En 2024, les républicains et tous ceux attachés à une certaine idée de cette Nation, à ses valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de refus de l’homme providentiel. Ceux qui pensent que la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres (Churchill) doivent lui infliger une défaite mémorable qui découragera tous les apprentis sorciers et autres illuminés, qui veulent se servir de la démocratie, sans être convaincus de ses vertus.

Sénégal: d’une crise à l’autre

J’ai regardé la vidéo du député de Benno Bok Yakkar, éructant, la bave aux lèvres, index tendu vers d’autres députés, surexcité et hors de contrôle, et    appelant à prendre des cordes et des chaînes pour attacher les mains des opposants et les jeter à la mer pour nourrir les poissons. Et le tout sous le regard impavide du président de l’assemblée, dodelinant de la tête et au pire soutenant ses propos.

Je ne connais pas ce député de la majorité présidentielle qui appelle au meurtre des opposants je ne souhaite surtout pas le connaître. Ce député a ses références, les cordes et les chaînes renvoient à cette période où des négriers et des chasseurs d’esclaves écumaient les côtes d’Afrique pour alimenter ce sinistre commerce. Dans ses propos j’ai cru comprendre que si le président Macky l’ordonnait, il mettrait ses projets à exécution. Que Dieu nous garde de ces illuminés.

Un autre, triste individu, a menacé de marcher sur les cadavres des opposants au 3ème mandat de Macky.

Jeudi 1er décembre on a assisté, sidéré, à ce spectacle odieux d’un député de l’opposition, membre du PUR, giflant une de ses collègues, parce que c’est une femme et qu’elle avait, de surcroît, fait des allusions à son mentor et guide religieux lors d’une séance précédente. La politique et la religion ne font jamais bon ménage. Ce député doit être condamné pour cet acte qui nous ramène à toutes les violences que subissent quotidiennement, les femmes sénégalaises.

Désormais, ces jours-ci, les citoyens sénégalais se réveillent chaque matin, attendant les nouvelles, plus lamentables les unes que les autres, en provenance de l’Assemblée nationale, avec un sentiment immense de honte nationale. 

Qu’avons-nous fait pour mériter ça ?

J’ai toujours considéré, comme réactionnaire et relevant d’une analyse déterministe de la société, cette assertion qui dit que toute nation a le gouvernement qu’elle mérite. 

J’ai toujours préféré Alexis de Tocqueville, qui considérait que la Providence n’a créé le genre humain ni entièrement indépendant, ni tout à fait esclave.

Et autour de chaque homme disait-il, il y a certes une fatalité ou, dirions-nous aujourd’hui, des déterminismes sociaux ou de classe, mais ils sont vastes et l’homme est puissant et libre.

Ainsi, les tyrans ne sont grands que parce que les peuples sont à genoux.

Cette institution, l’Assemblée nationale, nous citoyens sénégalais, l’avons gagnée et instituée comme la représentation politique éminente de la nation. Nous avons élu ceux qui y siègent avec nos suffrages.

Mais nous ne sommes pas responsables de leurs turpitudes, de leurs bassesses.

Pas en notre nom mesdames messieurs

Nos suffrages méritent mieux.

Je pense à tous ceux qui ont bâti la réputation de cette Assemblée, dont la culture politique, l’élégance des propos et la posture républicaine rayonnaient dans ces lieux.

Lamine Guèye, Amadou Cissé Dia, Habib Thiam, Daouda Sow, Cheikh Khadre Sissoko, pour ne citer que ces éminents parlementaires, ont présidé cette assemblée et ont laissé l’héritage d’un parlementarisme sénégalais inscrit, désormais, comme un des piliers de notre République.

Cette législature a débuté sous de sombres augures, avec des législatives manipulées par le régime de Macky Sall. Ce qui n’a pas empêché qu’il boive la tasse jusqu’à la lie, une totale bérézina électorale.

Et pour la première fois dans notre démocratie, un gouvernement est sans majorité parlementaire avérée. Avec des députés élus, dont la seule consigne, reçue du président lui-même, est une posture de lutteur avec comme chef de meute le griot himself du chef. On a du mal à le comprendre, pour ceux qui croient à un Sénégal moderne affranchi de cette mentalité féodale.

Dans le spectacle offert à longueur de retransmission, mais qui devrait être interdit aux enfants, on entend fuser des insultes si grossières, qu’on doit se pincer pour croire que l’on se trouve vraiment au Parlement sénégalais, siège du pouvoir législatif, à lui confié, par nous citoyens. 

On n’est pas surpris de voir Macky Sall dérouler son programme énoncé auprès de ses militants à Kaffrine en 2015 : « je veux réduire l’opposition à sa plus simple expression. » 

Et dans une asymétrie presque parfaite, une partie des députés de l’opposition veut en découdre, marquer son territoire, pour lui montrer qu’il est minoritaire dans ce pays, même s’il faut, pour cela, transformer l’Assemblée nationale en arène.

On vitupère. On interpelle. On se marque. Il n’y a plus de nuances, le combat est frontal.

C’est le retour du refoulé, pour beaucoup, avec pour seul bagage l’injure, l’apostrophe grossière, l’invective, témoignant de l’oubli de toutes nos traditions et valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de tempérance dans les actes, qui fondent la société sénégalaise du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest de ce pays.

On peine à saisir dans les interventions des uns et des autres, un travail de fond dans le débat d’orientation budgétaire et le vote du budget des différents ministères.

On ne débat plus, on ne cherche plus le compromis, qui est l’essence même du parlementarisme, négocier entre groupes parlementaires, dans l’intérêt de la nation.

« Le parlementarisme, c’est la garantie des citoyens, la liberté de la discussion, la liberté de la presse, la liberté individuelle, le contrôle de l’impôt, le droit de savoir ce qu’on fait de notre argent, le contrepoids de l’arbitraire (…) tout cela n’est plus… » disait Victor Hugo dans son pamphlet Napoléon le petit.

A voir notre Parlement actuel, on pourrait penser que ces phrases d’Hugo ont été écrites cette semaine après le spectacle misérable qui nous est offert tous les jours. 

J’ai le sentiment qu’on court tout droit vers une crise de régime.

Sieyès définissait ainsi le principe de la légitimité politique : « Le peuple ne peut parler et ne peut agir que par ses représentants. »

Dès lors que le président lui-même, par ses actes et ses consignes aux députés de la majorité ne leur confère aucun rôle dans la conduite des affaires de la Nation, mais plutôt les assigne à un rôle de chiens de garde, le moment va arriver où les citoyens de ce pays, au nom desquels on prend les décisions, entrent en rébellion ouverte contre les porte-parole institués.

C’est ce qu’on appelle une crise de la représentation engendrant une crise profonde de la délégation de pouvoirs, donc une crise de régime.

L’inculture politique de ceux qui gouvernent aujourd’hui, les aveugle sur leur capacité à faire le dos rond et rester aveugle devant la crise qui arrive à grands pas, multipliée par les conditions de vie de plus en plus difficiles pour la très grande majorité des citoyens sénégalais.

L’histoire politique de notre pays a connu de multiples crises.

Des crises issues de contextes électoraux comme en 1963, en 1988 et en 1993, et des manifestations et des violences qui ont parsemé la journée du 21 juin 2011 contre les tentatives de Wade de modifier le mode de scrutin et celles de janvier contre le même Wade sur le 3ème mandat.

Et si la crise et les manifestations de mars 2021 ont pris une telle ampleur c’est qu’elles se conjuguaient avec une véritable défiance vis-à-vis du pouvoir de Macky Sall, la gabegie, la corruption de son clan et la dilapidation des maigres ressources économiques par son régime avec ses marchés publics octroyés presque exclusivement aux firmes étrangères.

Alors, attention à ne pas se retrouver, à force de jouer les apprentis sorciers et à esquiver les réponses aux aspirations démocratiques et sociales de la très grande majorité de notre peuple, face à une situation qu’on n’ose imaginer.

En 1852, au début du dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx écrivait : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages de l’histoire se produisent pour ainsi dire deux fois, mais il a oublié d’ajouter : la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide. »

Il appartient aux républicains de dire maintenant Stop.

Il est temps, maintenant, d’arrêter cette machine infernale qui inéluctablement risque de plonger notre pays dans les abysses.

Le Brésil est de retour

Instantanés.

Leçons du Brésil

L’élection de Lula, confirmée par le tribunal électoral est une formidable nouvelle pour le Brésil d’abord, bien sûr, mais aussi un espoir pour tous ceux qui pensent que la République est le meilleur des régimes et le suffrage universel, un homme ou une femme, une voix le seul moyen d’y parvenir.

La vraie question à se poser est celle de savoir, comment l’extrême droite a pu récolter autant de voix, après les milliers de morts du Covid qu’a entrainé sa politique criminelle de déni, de la violence armée contre les pauvres et du massacre des forêts en Amazonie.

Le Parti des Travailleurs, né au début des années 80, salué par la gauche internationaliste comme les premiers pas du réveil des classes laborieuses brésiliennes, longtemps à l’écart des mobilisations populaires en Amérique latine, a fait basculer les rapports de force politique sur ce continent et ailleurs.

Mais la gestion luliste au pouvoir deux mandats durant, suivis des deux mandats (dont le dernier interrompu par une procédure de destitution) de Dilma Roussef, a été erratique, émaillée de scandales de corruption et de compromissions avec la droite réactionnaire. Malgré d’indéniables progrès sociaux dont cet énorme chiffre de 40 millions de brésiliens sortis de la pauvreté, grâce à la création massive d’emplois et la mise en place des bourses familiales (bolsa familia) et des avancées démocratiques réelles.

Ce sont ces dérives qui ont détourné l’électorat populaire de la coalition de gauche, et par ricochet l’ont jeté dans les bras du populisme d’extrême droite, couvé par les armées d’évangélistes « fous de Dieu ».

Les leçons du retour de Lula au pouvoir pour les républicains et les militants de gauche, ce sont les politiques résolues de lutte contre les inégalités économiques comme composantes centrales d’un projet de république sociale. Ce sont aussi, la gestion sobre et altruiste des débuts de mandat de Lula, la démocratie participative associant les populations aux décisions majeures les concernant.

Bref en revenir à ce qui en faisait la force du candidat Lula pour toute la gauche : « Brésil le pays de tous, ou un pays pour tous ».

« Votre fatwa ne s’appliquera jamais ici ».

Wole Soyinka devait se rendre à Nairobi – au moment même où avait lieu l’attaque du centre commercial Westgate – pour un festival de littérature. L’un de ses amis qui, y a assisté, est mort.
Le Prix Nobel nigérian lui rend un hommage poignant dans cette tribune contre le terrorisme. Le Pr Wole Soyinka est lauréat du prix Nobel de littérature 1986. Il a prononcé cet hommage lors d’une conférence réunissant des écrivains nigérians à Lagos.

Sources: Premium Times (Abuja 4 novembre 2013)

Jamais, depuis l’apartheid, notre humanité n’a subi de telles pressions et n’a eu à relever des défis aussi intenses et persistants. L’histoire se répète. Encore une fois, une minorité d’assassins se prétend supérieure à tous les autres, s’arroge le pouvoir de dicter aux autres, son mode de vie, décide qui pourra vivre et qui devra mourir, ou qui fera la loi et qui devra s’y soumettre. L’islam, la religion dans laquelle [les terroristes] se drapent, n’est qu’une couverture. 
Le vrai problème réside, comme toujours, dans le pouvoir et la soumission, avec ici comme instrument le terrorisme. Regardons avec objectivité la vraie nature de la domination qu’ils cherchent à nous imposer, nous qui vivons prétendument dans des “lieux de vice et de débauche, d’impureté et de décadence”. Nul besoin de chercher très loin. Leurs modèles se trouvent tout près de nous. Dans une Somalie chaudement disputée. Dans un Mali récemment libéré. Par intermittence, en Mauritanie. Dans une Algérie enchaînée pendant des années de troubles, elle qui tente encore de restaurer une fragile entreprise de laïcisation. Leur modèle consiste donc à instaurer l’exclusion. Mais aussi l’irrationalité et les restrictions dans la vie quotidienne. Le mépris de la culture et du pluralisme. L’établissement d’un apartheid sexiste. La diabolisation de la différence. C’est le règne de la peur. 
Infidèles 
Nous avons remporté une victoire en abolissant l’apartheid, afin que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d’identité, et de laquelle déprendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur la planète. 
J’ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi*. Dans un rassemblement de l’humanité, nous étions présents aux côtés de toutes les victimes mutilées et décédées. Nous étions aux côtés de Kofi Awoonor [poète ghanéen, ami de Soyinka, mort dans l’attentat du centre commercial Westgate], l’un des plus distingués d’entre nous, l’un des meilleurs écrivains africains à nous représenter à l’étranger. Nous étions présents au Mali avant même que ce pays ne s’unisse pour repousser la vague d’atavisme religieux et la régression humaine qu’il entraîne. Nous étions aux côtés des étudiants de Kaduna, des victimes de l’Etat du Plateau [cet Etat, avec sa capitale, Jos, située à la lisière du Nord musulman et du Sud chrétien, a connu des affrontements qui ont coûté la vie à près d’un millier de personnes en deux jours seulement, en novembre 2011], de Borno [Etat musulman du nord du pays], des écoliers de Yobe, des conducteurs d’okadas (moto-taxis) et des petits marchands de Kano [mégalopole du nord], aux côtés de tous ceux qui ont été systématiquement massacrés depuis tant d’années [tous ont été le théâtre d’attentats perpétré par le groupe islamiste Boko Haram au Nigéria]. 
Les victimes du centre commercial de Nairobi ont été soumises au même test diabolique que celui administré aux élèves de Kano [fin septembre, une quarantaine d’étudiants ont été assassinés au nord du Nigéria] : ceux qui ne réussissaient pas à réciter le verset demandé du Coran étaient considérés comme des infidèles, et emmenés pour se faire égorger méthodiquement. 
Nous, écrivains, avons été présents dans les épreuves traversées par l’Algérie, consignées pour la postérité par Karima Bennoune dans son livre Your Fatwa Does Not Apply Here (« Votre fatwa ne s’applique pas ici” ; pas traduit en français). Nous étions aux côtés de Tahar Djaout, auteur du Dernier Eté de la raison (éd. du Seuil, Paris, 1999), lui aussi assassiné par des fanatiques religieux. Nous sommes de simples survivants qui ne cessons de demander : quand tout cela s’arrêtera ? Comment tout cela se terminera ? Ceux qui font écho à Karima et à cette miraculeuse survivante qu’est Malala [cette jeune Pakistanaise défend le droit des filles à l’éducation], tous clament ensemble : non, votre fatwa ne s’appliquera jamais ici. 
Nous continuons à demeurer auprès de tous ceux qui sont tombés, auprès de vos victimes du fléau de votre sectarisme, de votre solipsisme [théorie pour laquelle il n’y aurait pour le sujet pensant d’autre réalité que la sienne] religieux et de votre spiritualité toxique. Nous continuerons à rester à leurs côtés, à dénoncer et à condamner. Nous nous sommes rangés dans le camp de l’humanité, face à ceux qui s’opposent à elle. 

Nous pleurons Kofi Awoonor, notre collègue, notre frère, mais avant tout nous dénonçons ses assassins, cette virulente sous-espèce humaine qui se lave les mains dans le sang des innocents. 
Scalp 
Seuls les lâches tournent leurs armes meurtrières contre ceux qui sont désarmés, seuls les pervers glorifient cet acte ou le justifient. Les vrais combattants ne mènent pas la guerre contre des innocents. On ne peut que qualifier d’obscène la profanation de la vie humaine. Elle est sacrée. 
Nous lançons cet appel à ceux qui veulent instaurer la fatwa, avec tout le poids moral qui s’y attache, à ceux qui violent le droit à la vie. La vie est un don de Dieu, y porter atteinte est un sacrilège. Ils ont ajouté le scalp de notre collègue à leur collection, un intellectuel exceptionnel qu’un million d’êtres de leur espèce ne pourront jamais remplacer. 
Nous saluons le courage et les sacrifices des soldats qui se battent pour que ces intrus – Al-Qaida et autres –, avec leurs arrogants desseins, ne puissent anéantir les libertés et la tolérance. Elles sont notre identité dans la région, et sur le continent tout entier. Nous ne devons jamais nous dérober pour reconnaître cette cruelle réalité. 
Aujourd’hui, j’exhorte toutes les forces du progrès à reconquérir l’Afrique ! A la sauver des mains de ces forces obscures qui cherchent à instaurer un nouveau régime de despotisme religieux, de cruauté comme nos peuples n’en ont jamais connu, même sous le joug du colonialisme européen. Ces bouchers continuent à évoquer l’islam, aussi nous en appelons à nos confrères et consœurs [musulmans] : reprenez votre islam. Reprenez cet islam qui se réclame d’une culture du savoir, honore ses fidèles comme le “peuple du Livre”, un islam de partisans historiques des vertus de l’intelligence et de ses produits. Ce que la tragédie de Nairobi nous apprend, c’est qu’il n’existe aucun endroit appelé “Ailleurs”. L’ailleurs est ici, parmi nous, dans le présent. Je vous invite donc à remplir cette mission : reconquérir l’islam, reconquérir notre continent et, ainsi, reconquérir notre humanité.

Jeunes sénégalais, soyez réalistes, demandez l’impossible.

publié en décembre 2011 (Sud Quotidien)

Ce qui se joue sous nos yeux marquera assurément la décennie sénégalaise à venir. Sans qu’il soit besoin d’être exhaustif, dans la sociologie politique du Sénégal actuel, on peut observer deux dynamiques qui travaillent les rapports sociaux dans notre pays.

Il s’agit de la transformation en profondeur de la jeunesse et de l’évolution du monde paysan.

Nous reviendrons plus longuement sur les paysans sénégalais dans une autre contribution. Remarquons simplement qu’il y a eu peu de travaux d’envergure sur le sujet, à la suite de la thèse mémorable de Pierre Pélissier « Paysans du Sénégal » qui a marqué des générations de géographes sénégalais.

Nous ne sommes pas très nombreux ceux qui ont remarqué des similitudes entre la situation de la Tunisie et celle du Sénégal. En dehors de l’effet journalistique habituel pour faire le buzz.

Le débat tunisien, sur son modèle de développement, ses réponses au chômage des jeunes pour un pays sans richesse minière, son système éducatif, sa constitution, la neutralité de l’Etat, la place des femmes est extrêmement riche. La révolution tunisienne a ouvert la voie à beaucoup de remise en cause pas seulement en Tunisie, mais sur tout le continent africain. 

C’est aussi cela la mondialisation, la circulation des idées à la vitesse des réseaux sociaux.

Jeunes diplômés

La révolution tunisienne a démarré avec l’immolation d’un jeune marchand ambulant de fruits et légumes, qui malgré un diplôme est réduit à cette survie par l’absence d’emploi fixe pour aider sa mère. « Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur. » C’est ce qui écrit dans les génériques de film.

Qui ne connait pas des situations comparables dans notre pays ? 

La génération des étudiants des années 80 a connu les maîtrisards chômeurs qui ont fondé des boulangeries, des fabriques de glaces alimentaires, des garages auto.  Certaines de ces expériences ont réussi, d’autres ont laissé des montagnes de dettes et resteront insolvables toute leur vie.  Tout au plus, ils étaient quelques centaines en comptant très large.

Ils sont aujourd’hui, en y incluant ceux qui font leurs études à l’étranger, des milliers de jeunes diplômés (Masters 1 ou 2, MBA, Ingénieurs, médecins, pharmaciens…) qui arrivent sur le marché du travail chaque année.

A l’exception de quelques grands groupes dans les télécoms, les banques ou les assurances, ils ne trouveront aucun emploi correspondant à leur qualification, dans les conditions de la gestion libérale de l’économie par Wade, son clan et sa famille. Il leur reste l’expatriation vers le Canada, la France (que C. Guéant, ministre de l’Intérieur, vient de fermer), les Etats Unis…

Quel gâchis ! Quand on pense au coût économique de chacun de ces cursus « supportés » par les maigres ressources de la nation.

La nouvelle jeunesse urbaine diplômée

L’explosion de la démographie scolaire résulte de plusieurs facteurs dans notre pays dont l’accélération du développement des banlieues autour de Dakar et l’accès au système éducatif de néo-urbains. Ces néo-urbains qui, chaque jour grossissent les quartiers périphériques de Dakar boostent le système scolaire, de santé, de transport constituent la nouvelle ressource humaine, politique et économique du pays.

La jeunesse issue des villes périphériques de Dakar constitue la très grande majorité des diplômés.

La politique libérale la confronte dès sa sortie d’écoles, de centres de formation, d’université à la réalité du maigre marché de travail sénégalais où elle se retrouve en concurrence avec les enfants de la classe moyenne mieux intégrés dans les réseaux sociaux parentaux. Avec un capital social plus faible, elle est de fait, dans une position moins favorable pour négocier son intégration socioprofessionnelle.

Le désir de promotion sociale et professionnelle des jeunes dits de banlieue est entravé par des rapports sociaux qui les enferment dans ces territoires périphériques de Dakar. Et désormais, de façon pernicieuse, la société urbaine tout entière leur assigne le stigmate de gens de banlieue et les y enferme. Et cet amalgame auquel nous avons tous succombé, renvoie à toutes les images stéréotypées : drogues, violences, mal de vivre.

Alors que la notion de banlieue désignant des territoires ségrégués, dans les univers urbains occidentaux, n’a, à vrai dire, rien à voir avec ces villes nées dans les années 70 de l’extension de la conurbation dakaroise au-delà de l’autoroute.

Mais comme en occident, les banlieues sont tout autant une question urbaine concrète (les territoires relégués des grandes villes) qu’une construction mentale, abstraite (là où sont supposées habiter les classes pauvres).

L’opinion publique a retenu ce dernier aspect.

Et les habitants de Pikine, Guédiawaye, Parcelles, ont intégré cette image stigmatisée de leurs territoires.

Pourtant elle est riche d’inventivité, de création, d’élans collectifs, d’engagements et de richesse culturelle.

Le RAP, le formidable développement des écuries de lutte, ainsi que les proclamations identitaires qui les accompagnent font écho à cette assignation de stigmate, par un exercice que l’on appelle le retournement du stigmate.

Qui n’a pas compris cela ne comprendra pas les conditions sociologiques de la constitution du mouvement M 23.

Peut être auront-ils une lecture différente des conditions de leur constitution, mais c’est cela qui fait la richesse du débat intellectuel.

Les partis, mouvements politiques, le gouvernement, tout le monde a été littéralement soufflé par ce surgissement inattendu d’un mouvement qui a réussi à agglomérer la jeunesse urbaine diplômée de Pïkine, de Parcelles, de Guédiawaye et la jeunesse urbaine des classes moyennes dakaroises.

Dans la jungle de la gestion libérale, gangrenée par la corruption et le népotisme a surgi un mouvement, expression de la jeunesse urbaine qui s’oppose, à la compétition sociale entre les jeunes eux-mêmes, au « NO FUTURE » qu’on veut leur imposer.

Ce mouvement a constitué une réponse sociale et politique au système organisé des prébendes au travers des multiples agences pour l’emploi des jeunes créées par le régime, qui a siphonné littéralement tous les flux de capitaux de la coopération internationale et du budget national destiné à cette jeunesse urbaine.

Les errements d’un vieux gâteux et de son clan ont fait le reste, dans sa tentative de rapt électoral du 23 juin, qui l’a installé au cœur du débat démocratique.

Il reste que M 23 n’est pas toute la jeunesse.

Celle des ateliers mécaniques, de menuiserie métallique et bois qui par génération spontanée occupent l’espace public.

Celle des marchands ambulants, qui harcèlent les automobilistes de marchandises « tombés » des containers du port de Dakar, des marchés de nuit de Colobane, Gueule Tapée, Grand Yoff.

Ce n’est pas non plus cette multitude de jeunes des écuries de lutte que l’on voit courir, défiler fièrement derrière leur champion à l’occasion d’un combat de lutte.

Ces jeunes et ceux des quartiers de la médina à Dakar nous renvoient à l’échec des modèles de développement tant antérieurs, qu’actuels.

Cette jeunesse-là, c’est celle de la misère de nos arrière-cours (familiales et urbaines), à qui aucune perspective n’est offerte. 

Il reste que dans les statistiques dont on peut disposer, ces jeunes sont inscrits sur les listes électorales, démontrant ainsi l’adhésion aux perspectives que peut offrir la démocratie : le pouvoir choisir ses dirigeants.

Le paradoxe, c’est aussi qu’à force d’être marginalisée, cette jeunesse a fini par créer à ses marges une société parallèle avec ses codes, son langage, ses valeurs, d’individualisme, de consumérisme, de relativisme, apparaissant comme la nouvelle classe dangereuse, tout autant qu’elle montre une formidable appétence à l’engagement collectif.

Ce n’est pas non plus cette jeunesse rurale, pour ce qu’il en reste encore dans la campagne sénégalaise, hors du système scolaire moderne et de l’instruction publique et du maigre service public en milieu rural.

Mais le M23 en reste l’expression politique et sociale la plus aboutie.

Dans ce contexte, l’opposition n’a jamais su avoir le bon positionnement vis-à-vis de ce mouvement. Elle s’en est même, quelque fois fait le porte parole. Confiant ainsi un rôle politique (au sens de candidat au suffrage universel) à un mouvement qui, par essence, est social (au sens d’organisation).

Le jour où le M23 prétendra au suffrage universel, il changera de nature. Les jeunes citoyens qui le composent feront certainement des choix politiques différents et adhéreront chacun à des organisations et partis politiques.

Il ne faut pas lui prédire cet avenir, parce qu’il en a un autre autrement plus éminent, celui de VIGIE DEMOCRATIQUE, des promesses et engagements politiques des candidats à la présidentielle.

La faillite de notre système démocratique de représentation a atteint un tel point de non-retour, qu’il nous faut inventer des outils de reconstruction d’un système de participation civique.

Le réalisme politique nous oblige à anticiper la décision à venir du conseil constitutionnel qu’elle quelle soit.

Pour gagner, l’opposition doit s’adresser à la jeunesse. Elle fera l’élection comme en 2000. Lui faire des propositions, lui offrir un programme, une perspective.

Ils doivent être soumis à la critique, à l’expérimentation sociale, discutés, amendés avec tous les jeunes.

Tout le monde le sait, la jeunesse n’attend pas qu’on lui promette la lune. Il est fini le temps où il fallait réinventer le monde à chaque élection. Le Sénégal est un pays pauvre, sa richesse sera la qualité de son système éducatif et de formation.

L’investissement dans la qualification de sa main d’œuvre est le meilleur atout de notre pays.

La création musicale de la jeunesse sénégalaise est parmi les plus riches du continent. Il peut en être de même dans les autres domaines, de l’activité industrielle, de l’artisanat, des nouvelles technologies. A condition d’en créer les conditions de sécurité juridique, d’environnement des affaires et d’ingénierie financière.

Notre pays dispose de compétences avérées dans tous ces domaines sur le territoire national et dans sa diaspora.

On dira à notre jeunesse : SOYEZ REALISTES, DEMANDEZ L’IMPOSSIBLE.

C’est à notre portée, à condition que Vous, Moustapha, Ibrahima, Macky y croyez.

Babacar FALL

La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer.

publié le 28 décembre 2011 (Sud Quotidien)

Quel est le scénario catastrophe ?

Nonobstant l’avis du conseil constitutionnel, Wade se présente et est élu.

Il y aura des émeutes et de la violence, mais au final l’occident se résoudra à traiter avec lui. Il tiendra parce que l’appareil répressif d’Etat lui restera fidèle. L’environnement géopolitique du Sénégal avec Al Qaïda à nos portes, dans le Sahel fera que personne n’aura intérêt à une déstabilisation de ce qui restera de nos institutions même pourries par Wade.

Le Sénégal restera le Sénégal. Je suis sûr que les hommes d’Etat présents dans l’opposition s’accommoderont de quelques mois, quelques années de Wade, vieux et malade en espérant lui succéder après.

Les puissances occidentales le leur demanderont.

Cela s’appelle du réalisme politique.

Et les affaires mondiales fonctionnent ainsi.

Ce qui nous guette de pire, quelque soit le prochain président, c’est la crise économique ; scénario catastrophe.

Le tarissement des flux de capitaux nets ainsi que le poids de l’endettement massif auquel ce pouvoir a recouru pour financer ses projets mégalomaniaques va très vite se faire sentir.

Qui peut croire que la petite économie sénégalaise, tiendra quand la note triple A de la France sera dégradée par les agences de notation ?

Qui peut croire que la parité fixe imposée à notre monnaie qui corsète notre économie et qui la protège aussi actuellement, des bourrasques économiques mondiales tiendra en 2012 ?

Quel formidable échec de la GOANA, faite de rapines, de captations et de prédations des terres villageoises que la disette qui s’annonce dans les mois à venir dans les campagnes sénégalaises.

La soudure sera effroyable de souffrances dans maints foyers dans les campagnes sénégalaises

Il en est de l’économie comme du reste, à la fin il faut que quelqu’un paie.

Dans notre malheur, le rétablissement du fonctionnement normal de l’Etat ivoirien n’arrange pas nos affaires. Les capitaux et les investissements étrangers se tourneront vers ce pays. Il deviendra plus intéressant de prêter à la Côte d’Ivoire avec son pétrole, son cacao et ses autres productions agricoles plus demandées sur les marchés mondiaux.

Nous sommes perdants à tous les niveaux dans la compétition/comparaison avec la Côte d’ivoire

 Ainsi va la mondialisation financière.

De quelque côté que l’on se tourne, l’avenir et l’héritage que nous réserve Wade et son clan sera brutal.

Dans ces conditions, le visage que donne l’opposition sénégalaise est pathétique. Et à ce rythme, elle ne tiendra pas la distance dans la campagne de chien annoncée par Wade et son clan. Elle finira en lambeaux et ce quelque soient les péripéties qui peuvent survenir après la décision du conseil constitutionnel.

Il faut faire comme si Wade était le candidat et faire campagne avec ce paramètre.

Il y a deux erreurs à ne pas faire dans une campagne électorale et l’opposition y est tombée à pieds joints.

La première, suivre les événements et de ne plus rien maîtriser des thèmes de l’actualité.

La seconde être inaudible.

Sur ces deux chapitres, l’opposition est au fond du trou.

Si nous voulons gagner il faut en sortir très vite.

Et faire un choix stratégique.

S’adresser au peuple souverain sénégalais. Lui seul fera l’élection.

Elle ne se fera ni dans les « grands places modernes » que sont devenu les radios et télévisions.

Elle ne se fera pas non plus entre Benno et Benno. Elle ne se fera pas non plus entre Moustapha, Macky, Ibrahima qui se parlent entre eux.

Quand on entre en campagne et surtout celle-ci on évite l’entre soi, on ouvre en grand portes et fenêtres et on écoute le peuple.

Croyez-vous que les Sénégalais connaissent Barthélemy Diaz ? Ils l’ont vu à la télé (pour les chanceux ceux qui en ont) brandir ses pistolets, jouer les bravaches. Et pour finir offrir à Wade, l’occasion de nous divertir et de railler l’opposition d’être incendiaire et irresponsable. L’effet sera dévastateur auprès de nos mamans, sœurs et cousines, frères et amis. Posez-leur la question : elles vous répondront que le Sénégal et les Sénégalais ne veulent que la paix. C’est une valeur éminente dans notre panthéon quelque soit la région du pays.

Le M23 a beaucoup apporté à la jeunesse urbaine de Dakar, en termes de perspectives politiques. A tous égards son rôle est comparable en Europe et aux Etats Unis au mouvement des Indignés.

Il a ouvert un débouché et offert un espace d’apprentissage de la démocratie à beaucoup d’entre eux. La déclaration lue le vendredi 23 à la place de l’Obélisque est un modèle de positionnement républicain. Sans risque de me tromper, je pense que l’espace qu’ils ont ouvert a évité des dérives violentes et orienté une grande masse de jeunes à penser jusqu’à présent, que la démocratie et l’élection au suffrage universelle est le meilleur des régimes.

Mais le M 23 ne fera pas l’élection. C’est une illusion trompeuse. Le nombrilisme dakarois est un piège aussi mortel que celui que Wade nous a tendu avec cette affaire B.Diaz.

L’élection ne se fera pas non plus à coups de concours de génuflexion à Touba, Tivaouane, Kaolack ou ailleurs.

Je n’ai pas vu ou entendu un citoyen sénégalais dire qu’il attend le ndigël de son marabout pour voter.

Notre peuple a changé, il a admirablement intégré le suffrage universel, un homme une voix.

Le virus de la démocratie comme la vieille taupe a frappé et ne lâchera plus.

Que faire ?

Croire à l’intelligence du peuple souverain en démocratie.

Dire ce que l’on va faire s’il nous accorde ses suffrages.

Une élection quelque fois se noue dès le début de la campagne.

François Hollande a gagné les primaires à gauche, en parlant de ce qu’il allait faire malgré les tombereaux d’injures et de calomnies qui lui sont tombés dessus. Malgré l’affaire DSK- il est établi qu’il y a eu plus d’articles dans la presse écrites et audiovisuelles françaises et mondiales sur le sujet que sur l’attentat du 11 septembre-, il continue à devancer le candidat Sarkozy dans les sondages.

La leçon à en tirer c’est qu’une campagne se fait avec un ou deux messages avec lesquels on sature l’opinion et l’actualité.

Ensuite on ne parle pas de l’adversaire, on se tient à son message, qu’on répète s’il le faut mille fois. Beaucoup se rappelle toutes les campagnes mémorables de Senghor dans le monde paysan. Un seul mot d’ordre, une seule proposition répétée et reprise tout le temps sur le prix du quintal d’arachides.

Demandez aux ménagères de Dakar, aux paysans, aux chauffeurs de taxi, aux tailleurs, aux mécaniciens, aux enseignants, aux policiers, aux employés domestiques, à nos frères et sœurs ce qu’ils souhaitent.

Ils ne vous parleront pas de Wade spontanément, ni de Karim. Ils vous parleront de la vie chère de l’électricité et de la soudure dans les campagnes sénégalaises.

Ils voteront pour celui qui saura les rassurer et les convaincre qu’il est le meilleur candidat.

Oubliez Wade, les Sénégalais connaissent mieux que nous son bilan.

Parlez-leur de votre programme Moustapha, Ibrahima, Maky. En quelques mots simples.

Laisser le microcosme journalistique à ses débats et à ces sujets. Si ce que vous dites au peuple sénégalais est compris et s’il y adhère la presse le reprendra. C’est une loi de la communication politique.

Quand Chirac en 1995 reprend le thème de la fracture sociale dans sa campagne, tout le monde se moquait de lui. En dehors de quelques sociologues avertis personne n’avaient l’étude de la Fondation Saint-Simon.

Ce thème lui a permis de se positionner contre la gauche et Balladur comme le candidat des classes populaires. Il a gagné à la surprise générale.

Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets.

Alors il est temps pour les candidats dont j’estime la probité et la stature morale d’homme d’Etat, capables de battre Wade ou un autre candidat de rechange, de s’y mettre. Vite.

Sortir de Dakar, aller partout, parler et écouter les Sénégalais à Kaolack, Thiès, Ziguinchor, Saint Louis…. Finir dans la banlieue dakaroise

Le temps en campagne est très court et on ne rattrape jamais ce qu’on a perdu au début.

Babacar FALL